À l'occasion du Festival Juste pour rire, La Presse a demandé à des humoristes d'écrire des billets sur des sujets fournis par les lecteurs. Aujourd'hui, Stéphane Fallu disserte sur la gestion des déchets.

L'autre jour, j'ai vu un camion de la Ville de Montréal arrêté près de chez moi avec deux inspecteurs qui se sont précipités vers deux sacs poubelles. Ils les ont ouverts, se sont regardés de façon complice, les ont lancés dans leur camion et ils sont repartis sur des chapeaux de roues. C'est à ce moment que je me suis dit: «Ouain, les vidanges au Québec, c'est rendu sérieux!»

Maintenant, jeter ses ordures relève du génie. Tout d'abord, qu'est-ce qui va dans le sac vert? Tout le monde maintenant se sent mal de jeter un pot de plastique ou une bouteille recyclable dans une poubelle.

Non, ici on recycle... Bon, c'est certain que dans plusieurs pays du monde et plusieurs grandes régions aux États-Unis, on ne recycle pas, mais ici, c'est important. Parce que, au Québec, nous sommes des leaders en décision verte. Le Québec change le monde des vidanges.

Donc, on jette, non, on trie... Parce que l'on fait aussi du compost... Moi, je fais mon fumier... Quelle phrase de cruise en 2009: «Salut, est-ce que tu fais ton compost?» Je vous jure, la fille devient hystérique, elle se dit que tu es un bon gars, tu fais du compost.

O.K., je retourne à mon ti-sac vert et je l'amène à la rue, et ce qui est bizarre, c'est que malgré toutes nos bonnes intentions, le processus devient abstrait à partir du moment où l'on a mis notre sac à la rue. On dirait qu'on lui dit salut et cela ne se passe pas dans notre cour, alors on croit que les ordures disparaissent dans le camion qui s'en va. Alors j'aimerais vous dire que non. Pour les voisins de site d'enfouissement, ce n'est pas jojo. Je suis allé à Saint-Nicéphore, près de Drummondville, chez des gens pour un petit barbecue avec un vent qui venait du site et, curieusement, j'avais moins le goût de manger de la viande. On a été attaqués par des mouettes, des ratons laveurs, un chevreuil et il paraît qu'il y a Yogi l'ours qui vient faire son tour à l'occasion.

Ouain, je ne connais pas grand-chose aux vidanges, mais je crois bien que si on continue à consommer de la même façon, bien, on va donner raison à Marie-Chantal Toupin: «On prend la terre pour une poubelle, maudit bordel!»

En terminant, mon voisin a reçu une contravention pour avoir jeté des papiers aux poubelles et pas à la bonne heure de la journée... Ouain, même nos sacs de vidanges reçoivent des contraventions en papier que l'on va recycler...