Les hommages peuvent être parfois d'un ennui mortel. Ça n'a pas été le cas lundi soir au Saint-Denis où le groupe RBO était «hommagé», après Clémence Des Rochers, Dominique Michel, Jean Lapointe et Yvon Deschamps. Une foule d'admirateurs et de victimes sont venues témoigner, de façon tendre et baveuse - mais surtout baveuse, parce qu'ils le valent bien, eux aussi.

Vraiment, il n'y a eu aucun temps mort dans ce gala de plus de deux heures qui s'est déroulé à la vitesse de l'éclair. Peu d'oublis, beaucoup de surprises, rien de ronflant, bref, le tout était à l'image de RBO, qui ont dit à propos de cet autre honneur dans leur carrière: «On va aimer ça ou faire semblant d'aimer ça.» Ils ont aimé. Même que Guy A. Lepage, après les remerciements, a donné un cadeau à ses fans en lançant ce scoop: «On ne vous dit pas adieu, on vous dit peut-être Bye Bye.»

Ils sont arrivés au Saint-Denis en bixi, et sont entrés dans une salle pleine à craquer, chauffée à bloc. Leurs amis Richard Z. Sirois et Chantal Francke étaient présents, de même que leur gérant depuis 30 ans, Jacques K. Primeau.

Le reste de la soirée a été une suite ininterrompue de clins d'oeil savoureux et de vacheries. «Affreux, sale et méchant», comme l'avait promis l'animateur Stéphan Bureau qui a fait un travail colossal en réunissant autant de gens sur scène. Pour souligner l'aspect musical de RBO, Les Trois Accords ont ouvert le bal en chantant leur chanson-thème de façon très rock; Michel Pagliaro a joué une pièce qu'il avait composé pour eux, L'Environnement; Les Loco Locass ont interprété Ça rend rap; les Chic'N'Swell ont incarné Les Bidules et Claude Rajotte a massacré en direct leur discographie. Enfin, Simple Plan a terminé le gala par un medley de leurs plus grands succès, de I want to pogne, en passant par Le feu sauvage de l'amour jusqu'à Arrête de boire.

Pour le volet humour, ils n'ont été épargnés par personne. La taille d'André, l'ego, la coupe de cheveux et la voix de Guy, le gabarit de Bruno, l'aspect chétif de Yves, ainsi que les aléas de leurs carrières individuelles sont des clous sur lesquels les invités se sont amusés à frapper toute la soirée. Dubosc dans une vidéo, avait raison de dire: «C'est étonnant ce succès avec la gueule qu'ils ont.»

Dans une autre petite vidéo, les quatre précédents « hommagés » (Clémence, Dominique, Jean et Yvon), quatre géants filmés pour la première fois ensemble, ont proposé leur version, épouvantable et non-censurée, de La Villa des Ti-Vieux. Une idée de génie!

Les Denis Drolet ont fait «Les deux Bitches». Claudine Mercier a livré une superbe imitation de Denise Bombardier qui aimerait bien, au fond, écrire leur biographie. Réal Béland et Jean-Thomas Jobin ont repris à leur manière certains de leurs personnages mémorables. Pierre Verville a offert un Bulletin des sourds parfait. Jean-François Mercier et Mike Ward ont joué à Bonjour la police. Stéphane Rousseau, en Madame Jigger, a interviewé Madame Brossard (Jean-Michel Anctil), qui a été «abusée pendant des années par cette bande de pervers» - l'un des meilleurs numéros de la soirée. Laurent Paquin et François Morency, le visage masqué, ont été les seuls humoristes à avoir dit oui à une démolition en règle de RBO: «Fuck You RBO! Vive le Groupe Sanguin!». Enfin, André Sauvé a présenté un monologue époustouflant, fou, déjanté, touchant, en incarnant le frère de M. Caron. Un vrai bijou.

Que dire encore? On a eu droit à des apparitions de Pauline Marois, Denis Coderre, Jean-René Dufort, Guy Nadon, France Castel, les B.B., Claude Meunier, et, OUI, BELGAZOU, qui a joint sa voix à celle de Castel pour la Chanson du pardon, qu'elles leur accordent. Pardon confirmé par Janette Bertrand, qui a avoué avoir appris à rire d'elle-même après avoir goûté à leur médecine. «J'ai compris que si vous avez ri de moi, c'était parce que dans le fond, vous m'aimiez. Merci de nous avoir appris à rire de nous.»

Et merci de nous avoir fait rire, surtout...