Une chorale de 250 personnes accompagnée de violoncelles et piano pour réinventer des succès de Marilyn Manson, U2 et autres. Une structure de cinq étages et de 60 pieds de hauteur pour les accueillir. Puis de la pyrotechnie et des projections multimédias conçues expressément pour chaque pièce. Sans oublier deux invités spéciaux, Claude Dubois et Stéphane Rousseau. Juste pour chanter intrigue. On en discute avec son concepteur, Olivier Dufour.

«Le festival me laissait interpréter à ma façon le thème Juste pour chanter. C'est rare, ce genre de latitude, surtout de la part d'un aussi gros client. J'ai appelé ma productrice pour vérifier si je pouvais vraiment proposer ce que je voulais.»Affirmatif. Olivier Dufour savait alors ce qu'il ne voulait pas. Pas de déambulatoire. Pas trop d'humour non plus. Ni de chorale «de style matante avec trémolo». Le créateur pense donc à un disque de La Scala qui traîne chez lui. Fondée par les frères Kolacny, cette troupe de choristes belges réinterprète des tubes des années 80 et 90, de Nirvana à The Police.

Les frères acceptent de se joindre à lui. Dufour les a donc rencontrés en tournée il y a un peu plus de deux mois pour amorcer le projet. Les choses ont évolué rapidement.

Une chorale a été mise sur pied. Quelque 250 chanteurs québécois, pour la plupart amateurs ou semi-professionnels, ont été recrutés pour se joindre à 12 choristes de Scala. Six violoncellistes professionnels et un pianiste (un des frères Kolacny) complètent l'ensemble.

Le spectacle s'annonce aussi visuel que musical. Les choristes seront juchés sur une structure d'une hauteur de 60 pieds. Devant la scène, une membrane translucide. «Elle permet d'éclairer toute la structure ou seulement certaines rangées. Si les sopranos chantent, on peut les illuminer tout en projetant une vidéo sur les autres artistes», explique-t-il.

Une vidéo originale a été réalisée pour chaque pièce. «On ne colle pas sur l'histoire de la chanson. On crée à partir de notre perception bien subjective.»

À cela s'ajoutent des images des musiciens captées par des caméras sur la scène et de la pyrotechnie à petite échelle.

Échantillons d'humain

Si on se fie aux réalisations antérieures de Dufour et de son équipe (comme le plus récent Événement lumières de Montréal en lumière), la soirée promet. Assis devant nous sur la terrasse de Juste pour rire, il nous fait entendre sur son ordinateur la version préparée de Beautiful People de Marilyn Manson.

Étonnant. L'attaque de la section rythmique disparaît, pour ne laisser que des voix célestes. Cette violente charge contre la superficialité se transforme ainsi en célébration du beau dans l'ordinaire. C'est du moins ce que racontera la vidéo présentée.

«Je m'inspire du projet d'un artiste français qui a photographié une multitude d'étudiants de lycée. Tous prenaient la même pose. Le regard fixe, sans sourire. La démarche m'a impressionné. Prises individuellement, ces photos sont anodines et inintéressantes. Mais ensemble, elles dérangent. C'est comme un regard extérieur sur la race humaine.»

Parmi les autres pièces, Claude Dubois interprétera trois de ses succès, réarrangés à la sauce Dufour-Scala. Et Stéphane Rousseau chantera deux tubes populaires, dont Tainted Love de Soft Cell. «C'est un clin d'oeil au Festival Juste pour rire, lance Dufour. Je ne suis pas un organisme monocellulaire qui pond une seule sorte de spectacle. Je veux créer pour différents publics, je veux offrir des surprises. Et je pense que Stéphane Rousseau, c'est une belle surprise.»

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Le mur du son, ce soir et demain à 21 h 30 à la Place des festivals.