En regardant Christopher Williams sur scène samedi dernier, on se disait qu'il avait choisi le bon concept de spectacle. Ses «expériences» canalisent parfaitement ses délires hyperactifs.

L'expérience, c'est une histoire que Williams raconte puis recrée en attribuant des rôles à des spectateurs et à la foule elle-même. Il ponctue le tout de gags. Sa septième expérience s'inspire de Carrie, première oeuvre de Stephen King. Il y raconte l'histoire de Carole, une adolescente humiliée à son bal de finissants qui se vengera en utilisant sa télékinésie.

L'allure fière dans son kilt et son T-shirt ajusté, Williams ressemble à un croisement entre Braveheart, Tom Cruise dans Magnolia et un geek entiché de science-fiction. Parmi toutes les expériences auxquelles nous avons assisté, il s'agit du récit le plus intéressant, et aussi de celui qui bénéficie de la meilleure recherche scénique.

Williams a eu la bonne idée d'embaucher des professionnels - des meneuses de claque - pour jouer avec la foule. On recrée de façon encore plus convaincante le cliché du bal de finissants à l'américaine. Ne manquerait plus qu'une équipe sportive appelée les Wildcats.

Encore une fois, le concept est casse-gueule. Si la foule ne participe pas, ce serait l'équivalent d'un groupe rock jouant sans amplification. Et encore une fois, elle succombe à ses délires. À sa commande, elle ballotera de gauche à droite, ouvrira des couloirs, sera submergée et brandira docilement le poing en l'air. Si Williams parlait de politique, on aurait peur.

Mais on reste très loin de tout sujet sérieux. On nage ici dans le pur divertissement sans prétention. La soirée finit en gros rave party, en «trip collectif». Cette description suffira sûrement autant à en attirer certains qu'à en rebuter plusieurs autres.

On aurait aimé que Williams pousse un peu plus loin la narration, lancée sur des pistes intéressantes. Aussi, la finale débouche sur une chanson savoureusement kitsch, qu'on ne révèlera pas.

Cette catharsis gagnerait à durer un peu plus longtemps. Dernière réserve, le spectacle se déroule boulevard de Maisonneuve, entre Saint-Denis et Berri. On s'ennuie de l'ancienne scène dans la ruelle Ontario. Cela permet d'attirer plus de passants, mais on est dérangé par la circulation sur le trottoir et les bruits environnants, et on ne voit pas toujours bien l'action. L'effet amphithéâtre est perdu. Ce qui ne semblait toutefois pas nuire au plaisir des nombreux curieux.

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À la Place Labatt Bleue, demain à 21 h et vendredi et samedi à 22 h.