La rue Sainte-Catherine deviendra une immense piste de danse, ce soir, de 19 h à 23 h. Divisée en six stations, on y dansera du ballroom au tango argentin en passant par la trad québécoise. C'est La ville s'en bal, la nouvelle proposition de Juste pour danser. Une façon d'inviter les Montréalais à «se réapproprier la rue», explique le concepteur Olivier Dufour.

Le concepteur de La ville s'en bal, Olivier Dufour, n'avait pas vu son père depuis 13 ans quand il l'a retrouvé dans le sud de la France. Il décide alors de descendre la côte avec lui jusqu'en Andalousie. Ce qu'il y a vu l'a fasciné.

«C'était au printemps, à la période des férias, se souvient-il. Chaque fois qu'on descendait de l'autocar, on arrivait dans un nouveau village dont on ignorait le nom. L'ambiance était complètement délirante. Les petits vieux dansaient tout croche, les enfants aussi. Ils ne faisaient pas exploser de petits pétards, c'était à grosse échelle. Les gens semblaient vraiment heureux et pacifiques, ce qui ne les empêchait pas de prendre un coup solide. C'était fou. Et très déstabilisant aussi. Moi, ce que je connaissais des fêtes dans la rue au Québec, c'était le saccage à la Saint-Jean...»

Il préfère la version européenne. Ou encore la version mexicaine, découverte lors d'un autre voyage, où des habitants dansaient «sans arrêt sur les balcons et dans la rue pendant cinq jours».

Il souhaite recréer ce genre d'ambiance ce soir dans la rue Sainte-Catherine. Avec un horaire plus sage, soit de 19 h à 23 h. L'artère sera divisée en «six places de village», chacune associée à une danse différente: ballroom, salsa-merengue, tango argentin, hip-hop urbain, trad québécoise et country/honky-tonk. «Oui, je suis déjà allé au Festival de Saint-Tite. Mais non, je ne me base pas vraiment là-dessus pour cette section-là», dit-il.

Les stations ne correspondent pas à une ville ou à un pays. Le concepteur s'inspire plutôt librement de l'esthétique et de la culture des danses pour créer des univers festifs, avec différents costumes ou musiques, et peut être même quelques grillades ou boissons à vendre.

Quelque 200 danseurs professionnels de diverses troupes s'exécuteront dans la rue. Le public pourra les regarder ou se joindre à eux. Dufour préfère de loin la deuxième option. Son objectif est simple: inciter les gens «à se réapproprier la rue».

«Que les gens dansent mal ne dérange absolument pas, lance-t-il. Tant qu'ils participent. Et pour qu'ils participent, on misera sur la simplicité. Nos instructions aux danseurs professionnels sont claires. On ne veut pas qu'ils essaient d'en mettre plein la vue et intimident le public. Ça, ce serait du spectacle. Nous, on ne veut pas un spectacle. On veut une fête populaire. Les danseurs engagés serviront à transmettre leur passion de la danse pour attirer les gens sur la piste.»

Du Conservatoire à la rue

Après le défilé des jumeaux et le spectacle Juste pour chanter, La ville s'en bal complète la série de créations d'Olivier Dufour dans le volet Arts de la rue du festival. Fils de photographe et ancien étudiant au conservatoire de musique, il a abandonné cette école, qui le rendait «très malheureux».

Il a préféré mettre le cap sur le théâtre, qui lui a permis de tourner en Europe. Mais la rigidité du format a fini par le lasser. «Je voulais créer avec de nouvelles technologies, mélanger l'art et la science», explique-t-il.

Ceux qui ont vu l'impressionnante mise en scène de Juste pour chanter comprennent jusqu'où cela peut mener. Juste pour danser contrastera toutefois avec ses créations précédentes. «Je n'aime pas trop me répéter», avoue-t-il.

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LA VILLE S'EN BAL, ce soir seulement, de 19 h à 23 h, dans la rue Sainte-Catherine, au sud de la rue Saint-Denis.