«Salut, c'est Jonathan Lajoie», m'annonce au bout du fil une voix grave d'anglo relax. Lundi soir, l'ex-comédien de L'auberge du chien noir devenu star de YouTube (surtout avec Everyday Normal Guy et Show Me Your Genitals) et nouveau héros comique de la série américaine The League montera sur la scène du Métropolis. Ordinaire et normal, vous dites?

Jon Lajoie, c'est un peu l'anti-Bernard Lachance. À l'entendre parler avec détachement de son ascension états-unienne, on croirait que sa nouvelle vie à Los Angeles, son rôle dans une sitcom des producteurs de Curb your Enthousiasm, ses clips sur le site Funny or Die et, bien sûr, sa tournée de spectacles seraient tous le fruit du hasard ou de la bénédiction d'une bonne marraine qui aime les comiques.

 

Avant de s'établir aux États-Unis, il confiait au journaliste Paul Journet être allergique à Los Angeles. «Après deux ou trois jours là-bas, je veux me tirer une balle. Ça parle sans arrêt d'argent.»

Dix-huit mois plus tard, il réside à L.A. et semble avoir trouvé sa zone de confort dans la cité des anges. «Los Angeles est une belle place, qui a beaucoup à offrir. Mais ça peut aussi être un endroit horrible, très Sodome et Gomorrhe. Si tu sais qui tu es et comment garder ton soul , il y a des choses à faire et du bon monde à rencontrer.»

Et son soul, Jon Lajoie n'a pas l'intention de le vendre au premier vendeur du temple venu, qui lui offrira des gros sous en l'échange de ses hits planétaires pour vendre des autos usagées.

«J'ai été approché par une compagnie pour être leur porte-parole. On m'offrait beaucoup d'argent, et au début, je pensais que je devais le faire, que ce serait bon pour ma carrière. Mais j'ai dit non, parce que je trouve leurs publicités connes et sexistes. Je ne voudrais pas que les gens se disent: il était sérieux, quand il chantait Show Me Your Genitals

D'aucuns verront d'ailleurs dans son clip Michael Jackson is Dead - caustique doigt d'honneur aux médias qui ont encensé le roi de la pop après l'avoir traité comme un monstre - le signe de cette indestructible irrévérence. «La grosse agence qui me représente aux États-Unis n'était pas sûre que je devais faire ça. Mais mon manager m'appuyait. Moi, j'allais le faire, de toute façon. La plupart des gens ont catché la joke et ont compris que je ne me moquais pas de quelqu'un de mort, mais de la réaction des gros médias.»

De sketchs et de niaiseries «lajoiesques»

Dans The League (sur la chaîne FX), Jon Lajoie tient le rôle de Coco, un joueur de «fantasy football» et ado attardé. «Les producteurs ont vu mes clips et aiment mon sens de l'humour. Avant les tournages, on me demande d'apporter mes idées ou de composer des chansons. C'est tellement le fun, niaiseux et créatif!»

Pour le spectacle qu'il livrera lundi au Métropolis, Jon Lajoie réserve à ses fans un mélange de musique, de multimédia, de vidéos, de stand-up et de sketches. Il s'est assuré que 50% du spectacle serait fait de matériel inédit «pour pas que ce soit plate, pour eux et pour moi».

«Quand Juste pour rire m'a approché, j'ai dit que je ne voulais pas me retrouver sur une scène pour reproduire mes vidéos. Mon background en théâtre m'a aidé à forger un show qui fonctionne», relate celui qui qualifie son humour de «lajoiesque». «J'aime l'absurde, le shocking, le cru, le dry. J'imagine que je suis un pince-sans-rire.»

Entre ses spectacles et ses tournages de The League, Lajoie bosse aussi sur un projet de comédie musicale dont le héros est un gars qui s'apprête à se suicider. «C'est l'histoire d'un gars qui s'est vraiment fait chier toute sa vie, mais qui essaie de conserver un regard positif sur le monde horrible qui l'a départi de son âme. C'est drôle et dark en même temps, un peu comme South Park.»

Du soul et de la merde. Y'a de Lajoie!

Jon Lajoie, au Métropolis, le 11 janvier.