Le défilé de nuit du Grand Charivari 2010 du Festival Juste pour rire aura une couleur suisse cette année avec la participation du plus vieux carnaval du monde, le Carnaval de Bâle, de 1600 figurants montréalais et suisses ainsi que d'artistes tels qu'Yvon Deschamps, Pierre Légaré, André Sauvé, Guy Nantel et Julie Snyder, a appris La Presse.

Le Grand Charivari, qui s'intitulera Basel vaccine Montréal, fait partie du volet des Arts de la rue du Festival Juste pour rire dont la 28e programmation sera dévoilée ce matin au musée Juste pour rire. Il représentera un des clous de ce volet avec des couleurs, des costumes, des lumières, des musiques et de la magie, le tout présenté dans un esprit typiquement montréalais, soit bon enfant et multiculturel, par des amateurs encadrés par des artistes.

D'origine suisse, Frédéric Metz, qui a fait l'École de design de l'UQAM, a montré ce carnaval il y a quelques années à Gilbert Rozon et à sa conjointe Danielle Roy, directrice artistique du défilé. Ils s'étaient rendus à Bâle (Basel en allemand), le mercredi des Cendres, pour assister à cet événement qui existe dans sa forme actuelle depuis 100 ans. Les fêtes bâloises sont même antérieures à la création de Montréal avec 480 ans d'existence!

«Durant le carnaval, le maire de Bâle fait couper l'électricité dans les rues durant 72 heures, on réveille les clients des hôtels à 3 h du matin et on leur sert un café, dit Frédéric Metz, directeur de création du Grand Charivari 2010. Les gens défilent costumés et masqués, qu'ils soient riches ou pauvres. Les participants jouent du fifre et du tambour en transportant une lanterne.»

M. Metz a importé ce concept à Montréal. Le Grand Charivari aura donc lieu cette année le dimanche 18 juillet dès 20 h 30, principalement sur la rue Sainte-Catherine ouest, entre les rues Mansfield et Jeanne-Mance. La répétition des fanfares sera présentée le samedi 17 juillet, en après-midi, sur la place des Festivals.

Le cortège sera plus impressionnant que l'an dernier. Six arrondissements montréalais (Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (MHM), Montréal-Nord, Outremont, Saint-Laurent, Sud-Ouest, Villeray-Saint-Michel-Parc Extension (VSMPE)) et la ville de Vaudreuil-Dorion participeront avec 200 personnes chacun» Ils forment des groupes municipaux qu'on appelle, à Bâle, des cliques.

S'il n'y aura pas à Montréal les 14 000 participants et les 140 cliques du défilé de Bâle, ce seront quand même quelque 1600 personnes qui défileront le 18 juillet, déguisées et masquées et accompagnées de lanternes géantes et de décors gigantesques.

«C'est deux fois plus de participants que l'an dernier, dit Dominique Simard, responsable de la gestion culturelle pour Juste pour rire. Et on a un pays invité ce qui sera désormais la tradition au Grand Charivari.»

Des représentants du Carnaval de Bâle seront présents et ils ouvriront le défilé avec une fanfare d'une vingtaine de personnes. La communauté suisse de Montréal sera également représentée.

Chaque clique prépare son défilé avec un artiste-parrain et un bureau de design associé. Pierre Légaré travaille avec Vaudreuil-Dorion. Guy Nantel est le parrain de MHM, Yvon Deschamps, celui de Sud-Ouest.

André Sauvé est avec VSMPE, Serge Grenier avec Outremont, Christopher Hall avec Saint-Laurent et Julie Snyder avec Montréal-Nord. Des studios de design participants ont nommé un stagiaire pour préparer le graphisme et le masque de chaque clique.

«Quand le prototype de masque sera prêt, on en fera 200 copies pour chaque participant de l'arrondissement», dit M. Metz. Chaque artiste associé va écrire un texte satirique en vers sur le thème choisi qui peut être politique, social, économique, sportif, etc.

Ce texte sera distribué à la foule durant le défilé tandis que le chef de chaque clique, le tambourmajor déclamera le sujet de leur marche. Chaque clique a sa propre fanfare et sa propre lanterne géante transportée sur roulettes. Une fois que le défilé arrivera sur la place des Festivals, les lanternes seront exposées sur la place et la Nuit des grands cyniques débutera. Des groupes d'humoristes se rendront, comme on le fait à Bâle, dans les bars et les restaurants du quartier pour faire rire les clients attablés ou en train de boire un verre.

La fête, promet-on, doit durer jusqu'à l'aube... si la Ville de Montréal et la police accordent un permis pour dépasser l'heure habituelle de minuit. Montréal sera-t-elle aussi folle et festive que Bâle?