Le Centre de santé et des services sociaux (CSSS) Champlain enquête actuellement pour comprendre comment l'humoriste Serge Grenier a pu tomber d'une fenêtre qui devait être verrouillée dans une unité sécurisée de son centre de soins de longue durée. Cette enquête s'ajoute à celle qu'a ouverte le coroner.

«La première étape est de reconstituer l'accident en rencontrant des témoins pour apporter des mesures correctives le plus vite possible si nécessaire, explique la directrice de la qualité du CSSS, Nathalie Schoos. Nous devons ensuite revoir tous les processus cliniques et administratifs (dont le choix de la résidence) qui peuvent être en cause.»

L'ancien membre des Cyniques est mort le 6 avril dernier des suites d'un grave accident survenu à la résidence les Jardins d'amour de Saint-Lambert, où il venait d'être admis. Il a voulu s'enfuir par la fenêtre de sa chambre, au deuxième étage, à l'aide de draps noués, et il est tombé.

«Il ne voulait pas aller vivre là, raconte son collègue et ami de longue date Marc Laurendeau. Il n'aimait pas l'endroit et voulait absolument sortir.» Quelques semaines plus tôt, lors d'un long séjour à l'hôpital, l'homme de 73 ans avait reçu un diagnostic de syndrome frontal, qui engendre d'importants troubles comportementaux et cognitifs. Il ne pouvait pas retourner vivre seul dans sa maison de la Rive-Sud.

«Dernièrement, il avait des moments de grande lucidité et d'autres où il était confus, dit M. Laurendeau. Il manquait des rendez-vous ou oubliait d'éteindre l'élément de la cuisinière. C'était dangereux.» L'homme était toutefois conscient de ce qui lui arrivait et conservait sa curiosité intellectuelle, dit son ami. Son frère devait d'ailleurs lui apporter un ordinateur. Il n'en a pas eu le temps.

Moins de 24 heures après avoir été placé aux Jardins d'amour par un comité d'experts du CSSS, Serge Grenier a tenté de s'enfuir sous le nez des sept employés à l'horaire. Il était pourtant dans une unité dite «codée», où l'accès à l'ascenseur et à l'escalier est protégé par un code électronique, et où les fenêtres sont normalement verrouillées. La sienne avait-elle été oubliée ou a-t-il réussi à l'ouvrir? L'enquête répondra à ces questions, assure Nathalie Schoos.

Lorsque les ambulanciers sont arrivés, le 30 mars à 12h26, Serge Grenier gisait sur le bitume. Personne n'aurait été témoin de sa chute. «Ses jambes et son côté droit avaient absorbé l'impact, raconte le porte-parole de la Coopérative des techniciens ambulanciers de la Montérégie, Bruce Diotte. Il n'arrivait pas à bouger, mais il était conscient et parlait.» L'homme a été transporté à l'hôpital Charles-LeMoyne, où il est mort une semaine plus tard d'une pneumonie. Entre-temps, il aurait été placé sous respirateur à deux reprises.

Les dirigeants de la résidence les Jardins d'amour, qui sont aussi propriétaires de la résidence Marie-Victorin à Saint-Hubert, ont refusé jusqu'à présent de nous accorder une entrevue. Un responsable à la résidence Marie-Victorin a toutefois clamé qu'il n'y avait eu aucune négligence.

Des proches de Serge Grenier auraient tout de même recommandé qu'une poursuite soit intentée. Rien n'a encore été fait en ce sens. La résidence Les Jardins d'amour, qui compte une vingtaine de lits, n'a encore jamais fait l'objet d'une poursuite judiciaire ni d'une enquête du Protecteur du citoyen ou de l'Agence de la santé de la Montérégie.