Tout est encore possible, c'est d'abord quatre histoires à dormir debout. Des récits aux contours fantastiques que la dramaturge Lise Vaillancourt a rassemblés en une fable métaphysique sur les origines. Tentatives d'éclaircissement.

Il y a d'abord cette femme échouée en Afrique, préoccupée par l'affaissement de l'un de ses seins, à qui un médecin exilé annonce que sa poitrine renferme une statuette datant du paléolithique. Puis, cet écrivain hanté par l'esprit de sa mère disparue et attaqué par un tigre dans son loft montréalais. Un jeune homme qui s'était juré de ne jamais aimer et une femme qui n'a aimé qu'une seule fois, clandestinement.

 

Un halo de mystère enveloppe les personnages et les incroyables histoires de Tout est encore possible. Sept tableaux forment la nouvelle pièce de Lise Vaillancourt. Quatre personnages s'y croisent ou se font écho, dévoilant leurs angoisses ou leurs blessures. C'est l'addition des tableaux et les recoupements qu'ils permettent qui donnent le sens, sinon la direction de la pièce.

De questions hésitantes en réponses fuyantes, le metteur en scène Daniel Meilleur, du théâtre des Deux Mondes, tente de lever le voile sur ce spectacle qui affiche son parti pris pour le fantastique. «On est dans l'improbable», affirme d'emblée Daniel Meilleur. Dans une atmosphère trouble amenée par les personnages, par les questions qui les taraudent et par les histoires qu'ils racontent. «On est amené à des endroits invraisemblables et on y croit», ajoute-t-il.

Bota (Widemir Normil), Ginette (Lise Vaillancourt), la femme (Louise Bombardier) et Vincent (Émile Proulx-Cloutier) ont chacun une vie intérieure intense. Ils portent un poids et ils avancent. «En même temps, ils sont tous très sympathiques, très accessibles. On n'est pas dans un instinct de mort du tout. On est au coeur de la vie et de la vérité», estime le metteur en scène.

Tout est encore possible s'intéresse beaucoup aux peines et aux blessures de l'enfance. Et à la question des origines. Bota, né d'un père noir et d'une mère blanche, explore sa relation avec sa mère. Vincent, le médecin, explique ses choix de vie par les carences dont il a souffert durant son enfance.

L'Afrique, en toile de fond tout au long de la pièce, agit comme point d'ancrage et symbole de ce retour aux origines. Mais c'est aussi le lointain point de départ de ce texte. Au début des années 90, des artistes de différents pays francophones et africains ont remonté le fleuve Congo et son affluent, l'Oubangui, jusqu'à Bangui, capitale de la République centrafricaine. Cinq Québécois y étaient, dont Daniel Meilleur et Lise Vaillancourt.

«Je retrouve ça, bien indirectement, dans cette pièce-là, dit le metteur en scène. Lise elle-même ne s'en était pas rendu compte. Ce voyage-là nous a tellement troublés. On est revenus sous le choc. Qu'est-ce que tu fais de toutes ces rencontres-là? De cette beauté, de cette misère, de ces injustices, de cette force et de cette grandeur? Là, il y a des morceaux qui commencent à sortir.»

Tout est encore possible, du 3 au 21 novembre au Théâtre d'Aujourd'hui.