Wajdi Mouawad invité de marque à Avignon où s'est également illustré le comédien Emmanuel Schwartz. Des reprises remarquées de La charge de l'orignal épormyable et de Vie et mort du roi boiteux. Quatre pièces québécoises au TNM et l'amorce d'une saison entière consacrée à la dramaturgie d'ici. L'avènement du prix Michel-Tremblay du meilleur texte dramatique. L'année théâtrale qui s'achève a été faste pour la création québécoise. Gratien Gélinas, dont on soulignait le 100e anniversaire de naissance, aurait sans doute été fier.

LE BILAN DE SYLVIE ST-JACQUES

Chimie scénique

Le duo érotico-explosif que composaient Gabriel Arcand et Catherine-Anne Toupin, dans l'adaptation québécoise de Blackbird de David Harrower. Une heure trente où Arcand et Toupin naviguaient entre malaise, séduction, tension sexuelle, rage...

Haute voltige

Ex aequo: Anne-Marie Cadieux dans Douleur exquise (au Festival TransAmériques) et Emmanuel Schwartz dans La trilogie des promesses (au Festival d'Avignon). Dirigée par Brigitte Haentjens dans cette adaptation d'un texte de Sophie Calle, la Cadieux était drôle, torturée, masoAu Festival d'Avignon, Emmanuel Schwartz a gagné le statut de «rock star», auprès des spectateurs, avec sa prestation dans cette nuit signée Wajdi Mouawad.

Mise en scène irréprochable

Un tour de force signé Denis Bernard: Le Pillowman de MartinMcDonagh, à La Licorne au début de l'hiver 2009. Bernard n'a fait que des choix scéniques judicieux confiant à Antoine Bertrand et Frédéric Blanchette les rôles principaux pour rendre ce conte sordide abordant le sujet du contrôle des artistes dans un état totalitaire.

Party de l'année

Avec Poésies, sandwich et autres soirs qui penchent, Loui Mauffette avait réussi son passage d'attaché de presse du TNM à metteur en scène. Allait-il remettre ça avec Dans les charbons, première pièce montée dans le «nouveau» Quat'Sous? Oui, et comment.

Déception amère

Le dragon bleu de Robert Lepage et Marie Michaud, au TNM, au printemps dernier. On s'attendait à un autre coup de génie signé Lepage. On a eu droit à des dialogues minces, que même l'esthétisme le plus léché ne rendait pas intéressants. Soupir...

LE BILAN D'ALEXANDRE VIGNEAULT

Chimie scénique

Le mémorable face à face de Catherine Ragone (Anne-Marie Olivier) et Richard 1er (Patrice Dubois) à la scène 13 de La jeunesse du roi boiteux. Une longue séquence mêlant poésie shakespearienne et joual truculent interprétée avec brio sur un divan vert cheap placé au milieu de la rue Coupal, qui borde le théâtre Espace libre. La quintessence de l'hénaurme Vie et mort du roi boiteux de Jean-Pierre Ronfard.

Sur mon GPS

Deux auteurs à la fois pareils et différents, des langues sales habiles et provocatrices, allergiques au consensus mou: Fabien Cloutier (Scotstown à La Licorne) et Étienne Lepage (Rouge gueule à Espace Go). Surveillez-les vous aussi.

Tour de chapeau

Cette année, Alice Ronfard a porté sur les planches deux pièces d'Évelyne de la Chenelière (L'imposture au TNM et Les pieds des anges à Espace Go) et une du jeune Emmanuel Schwartz (Bérénice à La Chapelle) dans laquelle s'est illustrée la comédienne Ève Pressault. Trois mises en scène particulièrement inspirées.

Superproduction

La charge de l'orignal épormyable de Claude Gauvreau, au TNM. Ce grand cirque de la cruauté dirigé par Lorraine Pintal a bénéficié d'une distribution d'une égale brillance de laquelle se détachait néanmoins l'imposant François Papineau, bouleversant de fragilité.

Déception amère

Hippocampe m'avait littéralement transporté. Chambre (s), la nouvelle création d'Éric Jean, m'a terriblement ennuyé. Sauf à de rares moments, notamment ces quelques scènes où Sacha Samar était le point focal.

* Sylvie St-Jacques, notre critique de théâtre jusqu'à l'été 2009; Alexandre Vigneault, notre critique théâtre depuis l'automne 2009.