Créée par Frédéric Bélanger pour le théâtre La Roulotte à l'été 2009, reprise à Joliette l'été dernier, l'adaptation du Bossu, de Paul Féval, entame cette semaine sa troisième vie à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier. À une différence près: l'histoire de cape et d'épée vise maintenant un public adolescent. Rencontre avec l'une de ses vedettes: Alexandre Landry.

C'est le premier rôle qu'a défendu Alexandre Landry à sa sortie de l'École nationale de théâtre en 2009. Avec La Roulotte, mythique théâtre ambulant fondé dans les années 50 par Paul Buissonneau, qui présente, année après année, ses spectacles gratuits dans les parcs de la Ville de Montréal. Tout en donnant l'occasion aux jeunes diplômés des écoles de théâtre de faire leurs premières armes.

«C'était une belle expérience, commence par dire Alexandre Landry. L'adaptation de Frédéric Bélanger (Youïe dans Toc, toc, toc) était très physique; il y avait cinq scènes de batailles à l'épée. Il fallait vraiment être attentif pour ne rien rater... et pour ne pas se blesser. Mais nous avons travaillé dans des conditions difficiles. Parfois, le parc était bondé, parfois il était vide. Et puis certains jours, il faisait vraiment chaud, surtout avec nos masques.»

Même s'il semble avoir peu d'affinités avec son personnage de Lagardère, Alexandre Landry n'en demeure pas moins emballé par la lecture qu'en a faite Frédéric Bélanger. «C'est vrai que je ne suis pas trop «cap et épée», dit le comédien âgé de 25 ans. Mais j'ai eu beaucoup de plaisir à jouer ce rôle. Cette fois, j'aimerais que mon personnage soit plus arrogant, plus insouciant encore.» Un défi pour ce jeune homme réservé, qui arbore quand même un look de mousquetaire ou de jeune poète avec sa longue tignasse ondulée.

L'histoire du Bossu est centrée sur le personnage de Lagardère, sorte de croisement entre D'Artagnan et Edmond Dantès, qui venge la mort du duc de Nevers des années après son assassinat par un vilain appelé Gonzague. Comme les récits épiques d'Alexandre Dumas, ceux de Paul Féval abordent des thèmes «adultes». Pour La Roulotte, Frédéric Bélanger a simplifié l'intrigue et désamorcé les scènes les plus intenses et les plus violentes pour rejoindre le jeune public (4 à 7 ans).

«Des ajustements»

La nouvelle mouture a été rallongée (passant de 45 minutes à 1h20) et les personnages étoffés, mais la production demeure inchangée. Même décor, mêmes masques, mêmes costumes, même mise en scène et mêmes acteurs - Patrick Dupuis, Alexandre Landry, Stéphanie Massicotte-Germain, Alice Pascual et Francis-William Rhéaume. Le hic, c'est qu'il a fallu tenir compte du public, qui n'aura pas 5 ans, mais 16 ou 17 ans.

«Il y a quand même eu des ajustements importants à faire, nous dit Frédéric Bélanger, qui a retravaillé son adaptation et les liens entre les différents personnages. Les comédiens ne pourront pas jouer exactement de la même façon, il y a un ton qui est différent, qui est plus sûr. Je suis un peu revenu au texte d'origine.»

«C'est une histoire qui aborde les thèmes de la vengeance et de l'honneur, une valeur qui ne veut plus dire grand-chose aujourd'hui, déplore Alexandre Landry qu'on a vu récemment dans Médée, de Caroline Binet, et au début de l'hiver dans Tom à la ferme, de Michel Marc Bouchard. L'honneur, c'est quelqu'un chose qu'on ne voit qu'au théâtre, dit-il. Le Hamlet de Benoît McGinnis (présenté au TNM) m'a beaucoup inspiré. Évidemment, j'y ajoute ensuite ma propre dentelle.»

Acteur-soldat

Alexandre Landry parle de théâtre avec une calme passion. Posé, discipliné, analytique et humble. Même s'il dit être passionné par le métier d'acteur, le comédien sait qu'il pourrait aussi faire autre chose. D'ailleurs, pendant toute la durée de ses études à l'École nationale, il a travaillé comme réserviste pour la marine des Forces armées canadiennes. Une expérience qu'il a appréciée, même s'il admet ne pas avoir le profil type du soldat.

Fait cocasse, lorsqu'il répétait avec Éric Jean pour la pièce Chambre(s) (au Quat'Sous en 2009), le metteur en scène lui a conseillé de se laisser pousser les cheveux pour mieux représenter son personnage. Alexandre Landry a dû faire une demande écrite à Ottawa, qui a finalement refusé de lui accorder cette exception, réservée aux Amérindiens ou pour des motifs religieux (par exemple pour les sikhs). Pour les comédiens, rien!

«C'est vrai que je n'ai peut-être pas le profil du soldat, mais ce que j'ai aimé, c'est le côté physique du travail. C'était vraiment un défi pour moi», raconte le comédien originaire de Saint-Étienne-des-Grès (entre Trois-Rivières et Shawinigan), qui «faisait les foins» dans sa jeunesse. De la même manière, j'aime le théâtre qui est physique. J'ai fait six ans de taekwondo et j'ai commencé à diriger les entraînements des élèves de l'École nationale de théâtre avec Éric Cabana. C'est un des aspects du travail que j'adore.»

Les aventures de Lagardère, du 13 au 30 avril à la salle Fred-Barry.