Rémy Girard travaille à une adaptation pour le théâtre des Invasions barbares, de Denys Arcand, a appris La Presse.

C'est la productrice Denise Robert qui a lancé l'idée au comédien, dans le but de marquer le 10e anniversaire du film, sorti en 2003. Rémy Girard, qui tenait le rôle principal des Invasions barbares, en a entamé l'adaptation pour le théâtre au début de l'été dernier. Il devrait avoir terminé la première version du texte d'ici un mois. Aucune direction de théâtre n'a encore été jointe, mais on peut s'attendre à ce que Les invasions barbares, la pièce, soit programmée durant cette année-anniversaire, en 2013.

«Au départ, je me suis posé beaucoup de questions, je ne savais pas trop comment aborder ce projet, raconte Rémy Girard. Et puis, à un moment donné, j'ai amorcé le travail en me disant que ça pourrait être intéressant de combiner des scènes du Déclin de l'empire américain avec le scénario des Invasions barbares. Je ne voulais pas faire une synthèse des deux films, là n'était pas l'idée, précise-t-il. Les références au Déclin évoquent des souvenirs qui se passent dans la tête de Rémy, mais l'essentiel de la pièce reprend l'histoire des Invasions barbares

Cette histoire, on s'en souvient, tourne autour du personnage de Rémy, quinquagénaire atteint d'un cancer, forcé de faire le bilan de sa vie face à sa mort prochaine. On retrouvera bien sûr dans la pièce son fils Sébastien, son ex-femme Louise, ses amis, ainsi que plusieurs personnages secondaires. «Le personnage de Rémy est relativement jeune, rappelle Rémy Girard. C'est ce qui rend sa mort difficile à accepter. Et puis, il a l'amertume d'une vie plutôt ordinaire. Et ça, ça passe aussi bien au théâtre qu'au cinéma. Je pense à Mort d'un commis voyageur (d'Arthur Miller), où le personnage fait un retour sur sa vie. C'est un peu la même chose avec Les invasions barbares. Je pense que les gens vont se sentir proches des personnages. Je suis persuadé que la magie du théâtre va opérer.»

Dès qu'il a pu visualiser l'environnement scénique, le travail d'adaptation a été plus facile, avoue Rémy Girard. «J'ai imaginé un décor à deux niveaux. Au premier plan, je vois la chambre d'hôpital de Rémy, qui deviendra à la fin la véranda de la maison de campagne où aura lieu son dernier repas. Et puis, juste à côté, un poste d'infirmières. Derrière, il y aura un grand escalier qui mènera à un palier supérieur en forme de fer à cheval avec, à chaque extrémité, un espace de jeu. Pour représenter tout ce qui ne se passe pas à l'hôpital, finalement. Entre son ex et sa bru; avec les policiers, quand il achète sa drogue; la scène dans l'ambulance, etc.»

Passer le flambeau

Rémy Girard, dont c'est la première expérience d'adaptation, aimerait bien faire la mise en scène de la pièce, mais avec une distribution de jeunes acteurs. «Pour passer le flambeau à une autre génération d'acteurs», précise-t-il. Aucun comédien n'a encore été pressenti. «Je n'ai pas fait ce travail d'adaptation en pensant à des acteurs en particulier. Une fois que le texte sera final, on verra.»

Une entreprise délicate que de retravailler le scénario de Denys Arcand, non? «Denys me l'a dit et répété: "Je te donne carte blanche pour l'adaptation du scénario", répond Rémy Girard. En même temps, je n'ai pas changé un mot du texte, qui est parfaitement bien écrit. J'ai changé le montage, j'ai laissé tomber des personnages, j'ai fait une synthèse. Il y aura aussi des scènes que nous n'avons pas vues dans les films, parce qu'elles ont été coupées au montage. Mais j'ai dû faire des choix, parce que je ne voulais pas que ce soit une pièce de trois heures.»

Le déclin de l'empire américain et Les invasions barbares sont deux films qui ont défini le parcours de Rémy Girard. «Le premier a marqué le début de ma carrière, admet le comédien. Et le deuxième lui a donné un second souffle. D'abord parce que ç'a été un rôle important pour moi. Comme celui de papa Bougon, d'ailleurs. Mais aussi parce que le film a eu un rayonnement international. Il faut aussi dire que Les invasions barbares nous ont tous (les comédiens) beaucoup fait réfléchir sur la mort. Ce film a été très marquant pour moi, c'est sûr.»