Après l'étonnant Soupers, qui nous plongeait dans les conversations de table d'un jeune homme en quête de sens, Simon Boudreault conclut sa résidence au Théâtre d'Aujourd'hui avec un «faux» spectacle solo sur le thème du vide spirituel et de la quête existentielle. Avec une approche ludique.

S'il qualifie sa pièce de «faux» spectacle solo, c'est que Simon Boudreault sera entouré d'un musicien, Maxime Veilleux, aux claviers et à la guitare, et d'une comédienne-marionnettiste, Karine Saint-Arnaud, qui interprétera une vingtaine de personnages. N'empêche, c'est lui qui a écrit le texte, qui l'a mis en scène et qui l'interprète. Le thème: Dieu, ou son absence, dans nos vies.

Pour la petite histoire, l'idée de la pièce, Simon Boudreault l'a eue il y a plusieurs années en lisant un article sur le jeu des «coucous» qu'on fait aux enfants. «Si l'enfant réagit autant à l'apparition des parents, c'est parce qu'il a l'impression que le monde tourne autour de lui; lorsque les parents quittent la pièce, les petits ont l'impression qu'ils n'existent plus. Bref, quand on est bébé, on se prend un peu pour Dieu puisque que tout l'univers tourne autour de nous.»

C'est le point de départ de l'auteur et comédien, qui a entamé cette réflexion peu avant la naissance de sa fille, aujourd'hui âgée de 5 ans. Après une résidence de création au Cirque du Soleil, il y a quelques années, il a finalement poursuivi et achevé son travail d'écriture. Au départ, il pensait confier le rôle à quelqu'un d'autre, mais son amie et collègue au Simoniaques Théâtre, Catherine Ruel, l'a convaincu d'interpréter lui-même le rôle de ce personnage-conteur.

«Évidemment, poursuit-il, quand on grandit, ce sont nos parents que l'on considère comme des dieux. Et plus notre connaissance évolue, plus notre place dans le monde diminue. Mon personnage fait connaissance avec le Dieu biblique, mais il est déçu et le trouve absent. Il faut aussi dire qu'au Québec, on a sacré l'Église en dehors de l'État, mais de nos vies aussi. C'est sûr que ça a créé un vide spirituel. Si personne n'est responsable de nous, c'est donc nous qui sommes responsables. Alors en quoi on décide de croire? Et pourquoi? À l'amour? À l'engagement social? Mon personnage se pose ces questions-là.»

L'histoire d'une vie

Récit épique et quête donc, où le personnage sans nom, qui parle au «je», s'adresse directement au public, à différents moments de sa vie. À mesure qu'il se raconte, et grâce à la magie du théâtre, il se promènera dans une trentaine de lieux - dans une forêt, une chambre d'enfant, un salon funéraire, etc. - et donnera vie, avec la complicité des marionnettes, à une trentaine de personnages. Un agent d'immeubles, son meilleur ami, son amoureuse, alouette, etc.

Simon Boudreault, adepte du théâtre d'objets et de marionnettes, qui a créé des pièces comme Félicité et Sur 3 pattes, tenait absolument à inclure des marionnettes dans ce spectacle. «C'est un spectacle sur une quête existentielle, c'est donc un sujet un peu aride. Mais je voulais aussi que ce soit ludique et fantaisiste. Et puis les marionnettes nous permettent de nous décaler un peu de la réalité. D'évoquer des personnages. C'est par exemple ce qui me permet d'établir une rencontre entre le personnage principal et Mozart. Parce que lui est convaincu qu'il est un génie. Jusqu'à ce qu'il croise Mozart...»

Quelle est l'issue de cette quête existentielle? Simon Boudreault nous réserve des petites surprises, mais il nous assure que le personnage trouve une paix intérieure. Ce qui ne remplit en rien le vide spirituel qui caractérise notre époque. «C'est sûr qu'avant, c'était facile. Les gens ne se posaient pas de questions. Dieu existait, un point, c'est tout. Notre destin était joué d'avance. Aujourd'hui, on s'en pose. Et on a tous besoin de donner un sens à nos vies. De s'accrocher à des valeurs. L'intérêt du théâtre est de soulever ces questions. Je n'ai pas de réponses.»

D pour Dieu?, au Théâtre d'Aujourd'hui du 24 avril au 19 mai.