Sur le versant jazz, pour reprendre une expression de feu Sylvain Lelièvre, la semaine montréalaise démarre abruptement.

Lundi et mardi, trois concerts dignes d'intérêt sont offerts aux jazzophiles: l'ensemble Trombone Actions de Richard Gagnon se produira lundi au Gesù pendant que, au bar Upstairs, on rendra un hommage intime à feu Nelson Symonds. Mardi, à la salle Claude-Champagne, la chanteuse canadienne Carol Welsman sera accompagnée par le big band de la Faculté de musique de l'Université de Montréal, sous la direction du trompettiste Ron Di Lauro.

Impeccable Carol Welsman

S'il y a une épithète qui résume Carol Welsman, c'est bien celle-ci: im-pec-cable! Chanteuse et pianiste de jazz formée dans les meilleures écoles (Berklee, etc.) et par les meilleurs profs (Christiane Legrand, entre autres), artiste accomplie, polyglotte (elle parle couramment anglais, français et italien), très grande et très jolie, elle est de ces humains bénis des dieux avec cette conséquence, entre autres: vu leur aisance à évoluer à l'extrême centre, la quête d'une voix profondément singulière n'est peut-être pas une priorité.

Réalisé par le bassiste Jimmy Haslip des Yellowjackets (juin 2007, étiquette Justin Time), son dernier disque en témoigne. On ne s'étonnera pas du prix Album de l'année qu'elle a raflé aux Smooth Jazz Awards 2008. Avec son jazz effectivement smooth, mâtiné de chansons italiennes, brésiliennes, françaises ou espagnoles, elle croise à l'extrême centre du divertissement haut de gamme.

«C'est accessible, c'est du jazz avec une cuillerée de sucre. La polyvalence, il faut dire, a toujours été une qualité à laquelle j'ai aspiré. Ce n'était pas forcé, ça faisait partie de moi. Mon style est donc un mélange de toutes ces influences musicales et de toutes les langues que j'ai apprises. C'est pour ça que ma carrière est si diversifiée», résume cette femme d'une courtoisie exemplaire, jointe peu avant qu'elle ne s'amène à Montréal.

Parmi les qualités de Carol Welsman figure aussi celle de pédagogue : la semaine durant, elle donne des classes de maître à la faculté de musique de l'Université de Montréal, en plus de partager la scène avec les étudiants. mardi soir, à la salle Claude-Champagne, elle sera accompagnée par le big band dirigé par Ron Di Lauro. Elle prévoit aussi présenter des duos avec des étudiants, jeudi, à l'Université de Montréal.

Bref, tout baigne pour Carol Welsman, à quelques détails près.

«Mon seul regret? De ne pas avoir trouvé une équipe avec gérant, agent et maison de disques. Je suis pas mal entrepreneur, ça fait partie de ma mentalité. Maintenant, c'est plus difficile... le marché est tellement à l'envers, les disques ne se vendent pas, les maisons de disques veulent empocher une partie des revenus des tournées...» déplore-t-elle.

Sans le soutien d'une grande maison de disques, Carol Welsman a quand même fait son chemin sur la planète jazz.

Trombone actions, lundi au Gesù

Lundi au Gesù, il y aura de l'action pour le trombone. Plus précisément pour sept trombones sur scène, dont l'Américain Steve Davis, qui a joué avec feu le saxophoniste Jackie McLean, son mentor. Il enseigne d'ailleurs au Jackie McLean Institute of Jazz à Hartford, au Connecticut.

Richard Gagnon, lui, porte plusieurs casquettes: il joue dans les big bands de Vic Vogel, Joe Sullivan et Jean-Nicolas Trottier. Il joue aussi dans le Jazzlab et accompagne les chanteuses Lue Lebel et Nathalie Renault, en plus d'arrondir ses fins de mois avec la pop et la rénovation.

Ses trombonistes préférés? «Beaucoup Jay Jay Johnson, Slide Hampton, Carl Fontana, Frank Rosalino, etc. Je suis encore très intéressé par le swing et le bop. J'aime beaucoup Steve Davis, qui me rappelle Jay Jay en plus moderne. Je me considère comme un joueur lyrique. J'aime la mélodie, c'est ce qui prime dans tout ce que je fais.»

Richard Gagnon a trois albums à son actif, deux en quintette et Intro du groupe Trombone Actions, dont il est ici question - étiquette XXI-21.

«L'idée m'est venue d'un groupe de Slide Hampton avec 17 trombones. Lorsque j'ai vu cet ensemble sur scène, j'ai fait wow! C'est particulier, on n'en voit pas. Je voulais mettre l'instrument à l'avant-plan en créant un tel groupe. J'écris pour cet ensemble depuis 2004.»

Ainsi, se retrouveront sur la scène du Gesù Bob Ellis, Jean-Nicolas Trottier, Dave Grott, Dave Martin, Serge Arsenault, Richard Gagnon et le trio qui accompagne les trombonistes - Gaétan Daigneault, piano, Frédéric Grenier, contrebasse, Michel Berthiaume, batterie.

Pour Nelson Symonds, lundi au Upstairs

Passé à l'autre dimension le 11 octobre dernier, Nelson Symonds sera considéré comme l'un des grands guitaristes de jazz montréalais, admiré par des grands tels que John Coltrane et Wes Montgomery. Lundi au Upstairs, on honore sa mémoire. Seront sur scène le saxophoniste Dave Turner, le guitariste Sylvain Provost, le contrebassiste Normand Guilbeault et le batteur Claude Lavergne. Les dons recueillis aideront à payer les funérailles de ce modeste géant, mort sans le sou à l'âge de 75 ans.