La fin de saison déboule pour Martin Granger, alias Dee. Son second album, Day by Day, est tout récemment arrivé chez les disquaires (étiquette La Tribu), et le voilà déjà sur les planches, à jongler avec ses riffs efficaces, en équilibre entre le rock et le dance.

Ils ont mis du temps à arriver en ce vendredi soir frisquet, mais au moment où Dee a tiré ses premières salves, les fans semblaient assez nombreux pour l'accueillir comme il se doit avec ses quatre musiciens.

 

Granger pouvait compter sur le solide coup de main d'un batteur, d'un bassiste, et de deux guitaristes (dont un autorisé à pitonner du synthétiseur). Quant à lui, le bidouilleur/compositeur joue la rock star sur scène, un rôle qui lui semble visiblement moins naturel que celui de rat de studio, qui l'a si bien servi ces dernières années.

La glace a mis du temps à se briser, en dépit d'une introduction en forme de clin d'oeil humoristique qui visait peut-être à désamorcer sa nervosité. Mais qu'est-ce qu'on entend là? L'indicatif de Dynasty? De gros cuivres pompiers et hilares? Dee s'amène ensuite, chemise blanche et cravate noire, et s'appuie sur les grooves résolument rock que distillent ses musiciens. C'est le moment de tester les nouvelles chansons sur des cobayes consentants et de ramener quelques airs familiers.

Déjà, deux observations. D'abord, Dee aurait-il troqué le son Chemical Brothers pour celui de The Killers? Ensuite: est-ce encore l'affaire d'un seul homme ou devrions-nous parler de Dee comme d'un groupe de musiciens?

Vérification faite, Dee est encore l'affaire d'un seul homme, qui s'adjoint ici une poignée d'habiles musiciens. Quant au changement de paradigme musical, les nuances sont nécessaires: moins électro-clinquant, plus porté vers la chanson que le gadget sonore, le nouveau Day by Day n'en demeure pas moins l'album de cette machine à riffs que nous avions découverte il y a presque trois ans avec son premier album.

Reste que la première moitié de ce concert tentait de nous faire croire à une certaine transformation - dans la forme, à tout le moins. Les boucles rythmiques étaient enterrées sous le jeu du batteur, les guitares rugissaient et Dee grimpait sur les moniteurs en se prenant pour un vrai leader de groupe.

L'orchestre n'était pas toujours précis, mais les nouvelles chansons tenaient bien la route, un peu Beck dans le ton (une influence qui se remarque depuis les débuts de Dee), un peu indie-pop-rock générique.

Mais à la mi-spectacle, le véritable visage de Dee a refait surface: la puissante chanteuse Stéphane Moraille est montée sur scène et le vernis électro-breakbeat-dance a brillé jusqu'à la fin de la performance.

Dee était alors dans sa zone de confort. Le groove aussi simple qu'accrocheur, l'agrégat de flashes musicaux tournés en chanson qui va droit au but. Ce gars-là touche à l'essence du hit, pour le meilleur et pour le pire - trop souvent, une seule bonne idée sert de prétexte à une seule chanson, et les arrangements ressassent trop d'éléments empruntés pour être véritablement novateurs.

Tout de même, ce Dee sur scène, c'est du plaisir en boîte. Pas un temps mort dans cette performance, plusieurs jolies surprises - la voix de Michael Jackson qui arrive de nulle part dans une chanson, notamment. Du beau travail qui reste à peaufiner.