Florence K s'était promis de transformer le Cabaret du Casino en dancing cubain. Pour ce tout premier spectacle à Montréal depuis le lancement de son troisième album, La historia de Lola, un disque où toutes les facettes de sa musique ensoleillée se conjuguent harmonieusement, elle a fait bien davantage hier soir. La pianiste, chanteuse et compositrice a prouvé hors de tout doute qu'elle transcende aisément l'exotisme dans lequel on aurait tort de la cantonner.

Malgré son jeune âge, la fille de la diva Natalie Choquette a déjà beaucoup de métier. Le succès de la chanson Las Calles del Sur, locomotive de son deuxième album Bossa Blue qui s'est écoulé à plus de 85 000 exemplaires, aurait pu en faire un objet de curiosité sympathique. Le premier de ses huit spectacles en deux semaines au Cabaret du Casino démontre au contraire qu'il faudra compter sur cette artiste aux multiples talents qu'elle étale avec un naturel renversant.

 

Bien sûr, plusieurs des musiques de son plus récent album La historia de Lola, qui constituent l'essentiel de son répertoire actuel, ont une saveur cubaine qu'elle attribue spontanément à son mentor, le guitariste, pianiste et essentiel complice Jesus Alejandro «El Nino» Perez Alvarez. Pourtant, hier soir, quand elle a emprunté I'd Rather Go Blind à Etta James puis The Letter façon Joe Cocker aux Box Tops, jamais on n'a senti de rupture de ton. Au contraire, les cuivres pétant de santé et le piano bien rond de mademoiselle K ont injecté suffisamment de soul à ces chansons immortelles pour lui permettre non seulement d'éviter le piège des comparaisons mais encore d'en faire un moment fort de son spectacle.

En plein mois de février, je me doutais bien que la musique latine vitaminée de Florence K et ses sept musiciens ferait mouche. Las calles del Sur a été accueillie par quelques cris enthousiastes et la toute récente Hija de Cuba s'est avérée un choix tout indiqué pour clore la soirée sur un rythme entraînant, tout en mettant en évidence le dynamisme de ses musiciens.

C'est pourtant dans des chansons moins exotiques que la jeune femme de 25 ans m'a le plus convaincu. Je pense au poème cubain Estalla El Viento qu'elle a mis en musique avec un goût qui ne ment pas et qui mettait l'accent sur son talent de pianiste. Et aussi à Sailing, le succès d'il y a 30 ans de Christopher Cross, dont elle nous a servi une version étonnante en rappel. Seule au piano, Florence K a touché à l'essentiel de cette chanson dont on avait oublié combien elle était belle tellement elle nous avait laissé un arrière-goût sucré.

Ces dernières années, Florence K s'est fait connaître comme une musicienne et chanteuse ouverte sur le monde, polyglotte et qui affectionne particulièrement les musiques latino-américaines. Avec La historia de Lola, et surtout avec ce nouveau spectacle, elle affirme l'étendue de son talent et nous annonce qu'elle n'a pas fini de nous étonner.

À 25 ans à peine, ce n'est pas rien.

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FLORENCE K au Cabaret du Casino les 26, 27, 28 février et les 4, 5, 6, 7 mars, 20 h 30.