Le pianiste Marc-André Hamelin revient chez lui pendant une semaine célébrer les 60 ans de Pro Musica. Quatre concerts en sept soirs. Une fête, un événement!

Dans un horaire aussi chargé que celui de Marc-André Hamelin, rester au même endroit pendant une semaine relève de l'exploit. Mais c'est Montréal, c'est les 60 ans de Pro Musica et il a carte blanche!

 

«On ne m'a pas souvent organisé des choses comme ça, avoue l'artiste de 47 ans, en entrevue téléphonique depuis son domicile de Boston, mais ça fait énormément de bien et ça me fait chaud au coeur. Et c'est à Montréal, ce qui ne nuit pas du tout.»

Au moment de l'entretien, le virtuose arrivait d'une tournée de plus de trois semaines en Europe. Il a notamment donné des récitals en Espagne, en Italie, en Suisse et en Allemagne, où la majorité de son temps va au piano.

«C'est dommage, avoue-t-il. Je fais un peu plus ce que je veux en organisant davantage mon horaire. Comme je joue les mêmes programmes souvent, j'ai un peu plus de temps. Rafraîchir une pièce musicale peut se faire aussi en dehors des répétitions avec ce qui se passe dans notre tête et dans notre coeur.»

Montréal représente toujours une histoire d'amour pour lui. En plus du répertoire qu'il a choisi pour sa série, il partagera la scène avec des artistes qu'il connaît et qu'il admire: les Canadiens Lara St.John, Karina Gauvin et les Violons du Roy, et l'ensemble allemand de premier plan, le Quatuor Leipzig.

«Je n'ai joué avec eux qu'une seule fois dans un festival en Suède, raconte-t-il. On a fait le Quintette de Schumann. On n'a répété que 45 minutes au total, on a sauté la générale et en concert, c'était comme si on avait joué ensemble depuis toujours.»

Retrouvailles

La semaine de Marc-André Hamelin à Montréal sera aussi l'occasion de retrouver la Québécoise Karina Gauvin dans une soirée davantage portée vers le répertoire français. «C'est vraiment une grande artiste, affirme-t-il. Sa voix évolue chaque année. Il y a des choses étonnantes qui se passent avec elle.»

Haydn et Beethoven sont au programme de la soirée qu'il partagera avec la violoniste Lara St. John. «Je n'ai pas joué avec Lara depuis un bon bout. Ce seront de belles retrouvailles», note-t-il.

Lors du dernier concert de la série, le pianiste jouera avec les Violons du Roy: Haydn, Chopin, mais aussi de ses propres compositions. «Il ne faut pas s'attendre à des flammèches, comme un critique a déjà écrit à ce propos. Pourquoi des flammèches?» se demande-t-il encore.

Étiquettes

Le pianiste trouve d'ailleurs dommage que les gens aient tendance à lui accoler l'étiquette de la musique «rare» ou moins connue, comme certaines oeuvres d'Alkan, Busoni et Medtner, par exemple. Il ne fait pas dans la curiosité pour faire dans la curiosité.

«Le répertoire m'intéresse davantage que les considérations pianistiques. Je ne fais pas ça pour moi. Je le fais avec l'espoir de changer la situation du récital, qui est un peu stagnante. Si je peux convaincre pianistes, publics et professeurs d'aller vers autre chose plutôt que de jouer toujours les mêmes choses, je considérerai que j'aurai apporté ma contribution.»

Marc-André Hamelin dit adorer jouer Beethoven, Chopin, Liszt et Haydn. Il a grandi avec cette musique et elle continuera toujours de se faire un nid dans ses récitals. «Pour ceux qui pensent que je ne joue que certaines choses, souligne-t-il, il faut encore insister pour dire que je suis plus universel que ça. Par bonheur, mon dernier disque paru, un récital Chopin, semble aider à changer les perceptions.»

Marc-André Hamelin proposera quatre programmes différents lundi, mercredi, vendredi et le 16 mars au Théâtre Maisonneuve, dans le cadre des 60 ans de Pro Musica. Informations: 514-842-2112.