Après avoir assuré avec succès la première partie de Céline Dion, l'imitatrice Véronic DiCaire présentait hier la première de son spectacle «à elle» au Théâtre Saint-Denis. Vedettes et simples spectateurs s'y pressaient et ont applaudi à tout rompre la jeune femme qui a imité une quarantaine de voix (presque toutes à la perfection), fait rire (un peu gras) et même ému (un brin).

Rien n'est moins simple que de monter un spectacle d'imitation «pure», sans pasticher les textes ou parodier les artistes: comment en effet éviter la sempiternelle routine «bonne imitation « applaudissements nourris « remerciements de l'artiste et on recommence 39 fois»?

Comment faire pour imiter tour à tour Fabienne Thibeault, Madonna, la chanson I Love Him telle qu'interprétée dans le film Sister Act, Marie-Élaine Thibert, Marie-Chantal Toupin, Christina Aguilera et Feist (exactement dans cet ordre) sans que cela n'ait l'air d'une liste, justement? Pour que ça n'ait pas l'allure d'un show de virtuose, certes, mais qui ne laisse aucune trace, une fois l'ébahissement passé devant la prouesse technique?

Car prouesse technique absolument indéniable il y a: non seulement les voix sont instantanément reconnaissables (je crois qu'hier seule Isabelle Boulay n'était pas tout à fait au point), mais la jeune imitatrice doit suivre impérativement la bande sonore préenregistrée, changer de costume régulièrement, porter des perruques, danser...

Hier, Véronic DiCaire a réussi à éviter le piège de «l'imitatrice prodige» d'abord en faisant rire les gens entre ses imitations par des textes parfois peu subtils, c'est vrai, directs et pas prudes pour un sou, par moments assez abrasifs et pas nécessairement toujours du meilleur goût - j'avoue que j'ai bien aimé: d'habitude, les filles essaient d'être «fines et cute» et Véronic DiCaire ne l'est pas tout le temps - il y a de la Cathy Gauthier en elle!

Toujours pour varier ses effets, Véronic DiCaire et son metteur en scène Marc Dupré ont tablé sur trois écrans géants où, après une intro qui fait appel aux Beatles! sont projetées images, pochettes, choristes virtuelles, etc. Des éclairages étudiés permettent également de créer l'illusion. La sonorisation, elle, serait impeccable si elle était MOINS FOOOORTE.

Mais surtout, Véronic DiCaire a regroupé ses imitations par blocs, par exemple autour de ce qui se trouve sur son Ipod ou des affiches qui ornaient sa chambre d'adolescence. Si le numéro country est moins convaincant, le final, où elle reprend de nombreux grands succès de Céline Dion dans le cadre d'une fausse «Musicographie» est un morceau d'anthologie. Son numéro de chanteuses françaises n'a pas l'impact voulu, mais il se termine par une imitation incroyable d'Édith Piaf. Et sa Claire Lamarche est plus vraie que la vraie!

Pour ma part, c'est son numéro sur le G.I.N.E.T. (Groupe d'intervention national sur l'environnement en tabaslak!) qui m'a épatée: elle imite Ginette Reno qui parle (et Véronic DiCaire imite à ravir le phrasé, les tics verbaux et le côté, euh, très vert de notre grande Ginette) en animant un spectacle pour protéger l'environnement.

C'est dans ce seul numéro que Miss DiCaire se permet de changer les paroles des chansons: en Stéphanie Lapointe, elle chante sur l'air d'Infidèle «Je suis naturelle/Le compost m'appelle...», et en Lynda Lemay, sur l'air de Une mère: «Une terre, ça tourne comme ça peut...».

Mais le rire a fait place à l'émotion quand elle a imité Diane Dufresne chantant ensuite Hymne à la beauté du monde pendant que des images de notre planète défilaient sur les écrans... Sans changer une parole, c'est vrai. Mais soudain, ce n'était plus une imitatrice hors pair qui était sous nos yeux. C'était une artiste qui se servait de son incroyable don pour dire quelque chose: riez, détendez-vous, oubliez vos tracas, mais faites un peu attention à notre monde.

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Véronic DiCaire au Théâtre Saint-Denis, en supplémentaire les 14, 15, 20 et 21 mai, et les 24 et 25 septembre, et en tournée partout au Québec.