Robert Charlebois a gagné son pari, celui de nous faire revivre de belle façon l'esprit des boîtes à chansons des années 1960, dans un spectacle conçu pour les nostalgiques et aussi pour ceux qui veulent découvrir cette période riche en création musicale.

Des artistes de l'époque, Claude Gauthier, Pierre Létourneau, Pierre Calvé et Jean-Guy Moreau, ont interprété jeudi soir, pendant deux heures, des chansons qui ont marqué un Québec qui sortait de l'époque duplessiste pour embarquer dans le train de la Révolution tranquille, puis dans une période plus turbulente à la fin des années 1960.

Pour cette soirée, présentée au Musée Juste pour Rire, on a concocté un beau menu musical, des dizaines de chansons, en tout ou en partie, des chansons livrées par ses auteurs, qui interprètent aussi celles des autres pionniers de cette période. Des chansons à textes, profondes, pour la plupart engagées.

On n'a pas oublié les hommages, aux femmes d'abord, de Clémence Desrochers à Monique Leyrac, en passant par Renée Claude, Pauline Julien ou Louise Forestier, et à celui pour Félix Leclerc, en conclusion.

Quel plaisir de retourner 40 ou 50 ans en arrière pour entendre les succès de ces artistes qui ont marqué le Québec culturel de l'époque dans ce spectacle intitulé Il était une fois... la boîte à chansons, présenté jusqu'au 9 mai à Montréal et Québec, avec des supplémentaires les 11 et 12 juin mais au Théâtre La Tulipe.

C'est Robert Charlebois qui a eu l'idée de ce projet. Il s'est occupé de la production, de la mise en scène. Celui que l'on surnommait Garou à l'époque est monté sur scène à la fin du spectacle, pour remercier sa femme pour le travail fait sur le plan logistique et son fils Jérôme, qui a fait cinq chansons en première partie. Bref, tout le monde a mis la main à la patte, comme on le faisait si bien autrefois.

Sur la petite scène, Charlebois avait placé des vieux objets, que l'on trouvait dans ces boîtes à chansons, souvent un vieux local dans un village ou un sous-sol d'église: petite cage à homard, raquettes accrochées à un filet de pêche, vieux tabouret et enseigne venant directement de la célèbre Butte-à-Mathieu de Val-David.

Les éclairages sont simples, comme dans ce temps-là mais il y a du rythme tout au long du spectacle. Nos chansonniers ne jouent pas à tour de rôle, mais s'impliquent à deux, à trois ou à quatre tout au long du spectacle sans entracte, avec entre autres ces belles imitations et chansons de Moreau qui est comme un «maître de cérémonie».

Les nostalgiques ont été bien servis; il y avait certes un peu de nervosité, de petites choses à corriger, mais on aime le côté à la bonne franquette comme autrefois.

Toutefois, il y avait beaucoup d'émotions, sur la scène et dans la salle. Et les nostalgiques garderont en mémoire des moments forts de chaque artiste présent.

Gauthier qui chante a cappella Le plus beau voyage, Calvé qui interprète le classique Vivre en ce pays, refilé à Charlebois lors de sa création, et Létourneau, toujours jeune, qui chante Maurice Richard à un moment où le Canadien occupe beaucoup de place dans l'actualité, notamment pour ses 100 ans.

Et Moreau qui imite bon nombre de ses préférés, de René Lévesque à Jean Drapeau, mais qui fait entre autres deux numéros exceptionnels sur Jean-Pierre Ferland - avec une certaine «complicité» d'un des deux musiciens sur scène - et René Angélil, à l'heure de Star Académie. Des numéros actualisés au goût du jour.

Outre Montréal et Québec, le spectacle s'arrêtera dans plus de 30 villes à travers le Québec au cours des prochains mois. Les informations se retrouvent sur le site www.laboiteachansons.ca.