L’Orchestre symphonique de Montréal présentera à compter de ce mardi à la Maison symphonique trois concerts mettant en vedette une brochette d’artistes de hip-hop québécois. Nous avons capté leurs impressions et leur première répétition.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

« Jouer avec l’OSM, c’est un privilège, ça n’arrive pas nécessairement dans une carrière. Mais c’était dans ma bucket list de peut-être un jour jouer avec un orchestre ! Je suis très contente de vivre cette expérience. » En entendant ses chansons interprétées par l’OSM, Sarahmée est « remplie d’émotion », et la populaire rappeuse estime que par sa musicalité, sa finesse et son sens du détail, l’orchestre leur donne « une autre dimension ». « Quand Blair Thomson, que je connaissais déjà, m’a demandé ce que je voulais sur mes tounes, j’ai dit : je veux de la harpe, des violons ! C’est très surprenant, les arrangements additionnels, avec les brass [cuivres], les cymbales… Ce sont mes chansons revisitées, embellies, amplifiées ! C’est un autre délire, c’est encore mieux, haha ! »

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Quand il a reçu les maquettes des arrangements, Koriass a bien aimé ce qu’il a entendu. « Ce n’est pas overdone, c’est bien adapté aux chansons. Ils ont joué avec certaines tonalités et c’est vraiment beau, ils se sont gâtés sur les finales, ça va être un bel ajout. » Pour la cheffe Dina Gilbert, l’idée était justement de superposer les deux univers musicaux, de conserver la « vibe hip-hop » avec ses beats, ses loops et ses effets vocaux, tout en ajoutant l’acoustique de l’orchestre. « C’est un bon métissage entre le son symphonique et le hip-hop, ça s’imbrique bien. »

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La cheffe Dina Gilbert a déjà dirigé des concerts symphoniques de hip-hop en France, avec IAM, MC Solaar et Big Flo et Oli. Le grand défi se situe sur le plan technique, pour « faire balancer les deux univers, et synchroniser tout ça », explique-t-elle. « Mais je ne vois pas tant les défis que l’occasion de découvrir ensemble un nouveau répertoire. Le hip-hop est une des musiques les plus écoutées dans le monde ! On a un projet porteur, une équipe artistique solide, des artistes intéressants. » La soirée passera à travers « toutes sortes de raps et de moods » et suivra une courbe dramatique grâce à la mise en scène de Marcella Grimaux.

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« Il y a dix ans, un spectacle comme ça ne serait jamais arrivé. C’est un beau step », estime FouKi, qui a aimé comment les orchestrations ont changé la « vibe » de certaines de ses chansons. « Ça les amène où on ne les attendait pas. On découvre de nouvelles mélodies, dans les beats et les flows, ça peut emmener à essayer de performer différemment. » Sur scène, le rappeur a l’intention de se laisser porter par la musique, et il a bien hâte de voir comment se comportera le public. « Mais pour le son, ça va sonner bien, ça va être fou, peu importe que les gens soient debout ou assis. Il n’y a pas de parterre par exemple pour les gens qui voudraient faire un mosh pit ! »

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Difficile de prévoir comment le public va réagir, mais Dina Gilbert raconte que lors de son expérience française, les gens se levaient, tapaient dans les mains et chantaient. « On était vraiment dans un mode d’échange entre le public et la scène plutôt que dans un état passif d’écoute. » On a vu ici le même genre de phénomène, par exemple lors du passage mémorable des Cowboys Fringants. « Dans ce genre de concert, le public est essentiellement celui des artistes, dont certains viennent peut-être pour la première fois à la Maison symphonique. Ça apporte une énergie différente. Mais il y a aussi des habitués qui veulent venir voir. J’aime ce genre de rencontre entre différents publics, qui découvrent ce qui leur manquait. »

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Ce sera la première fois sur la scène de la Maison symphonique pour Sarahmée. « J’ai déjà vu un spectacle ici. Mais me dire que tous les sièges sont remplis les trois soirs, que je vais côtoyer des musiciens chevronnés qui sont dédiés à leur instrument, et la maestra, pour qui j’ai beaucoup de respect… C’est très impressionnant, tout ça. Je vais être dans un monde qui n’est pas le mien, mais où je me retrouve parce qu’on fait tous de la musique. » Un sentiment partagé par Koriass. « Des fois, j’ai un peu le syndrome de l’imposteur parce que je ne lis pas tant la musique, mais en travaillant avec eux, je vois qu’on parle le même langage. » « On a les codes, les références, après il faut se rencontrer au milieu, estime Sarahmée. C’est donnant donnant, la musique, c’est toujours un partage. »

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Comme Koriass et FouKi, Sarahmée estime que cet évènement d’envergure est très significatif pour le hip-hop québécois. « Ça veut tout dire. Le rap est une musique qui emprunte à beaucoup de genres musicaux et qui se prête à plusieurs occasions, plus qu’on le croit. Ça montre la place qu’occupent les artistes qui sont là. Et qu’on mérite aussi notre OSM ! » Un peu comme s’ils entraient par la grande porte, finalement. « Oui, mais on est déjà dans cette grande porte. On remplit nos salles, on vend beaucoup d’albums, chacun de nous, on n’en est pas à nos premiers barbecues en termes de spectacles, de festivals, de ce qu’on fait dans nos carrières. C’est très gratifiant de passer par cette porte de la Maison symphonique. »

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