Après six mois de préparation et un report d’une semaine pour cause de COVID-19, Juste pour rire a enfin lancé sa comédie estivale, Annie, sous la direction haute en couleur de Serge Denoncourt. Compte rendu d’une première électrisante !

Il y avait plusieurs parents « fiers et comblés » mercredi au Théâtre St-Denis, lors de la première officielle de la comédie musicale Annie. Dont ceux de Raphaëlle Morissette, 12 ans, qui faisait ses débuts sur les planches (une certaine Véronique Cloutier et son mari Louis Morissette). Pas seulement eux, car l’adaptation québécoise de ce classique de Broadway est un succès public instantané. Le genre de divertissement qui met de la couleur et un sourire sur les visages les plus sombres.

On regarde Annie la comédie musicale en se disant que seule la magie de Broadway peut faire du destin d’une petite orpheline abandonnée durant la Grande Dépression, au début des années 1930, un spectacle ludique, rassembleur et familial pour un public de 7 à 77 ans.

La mise en scène est du Serge Denoncourt pur jus. Avec des références à L’opéra de Quat’Sous, de Brecht (Hoverville) ; à Michel Tremblay (l’excellent numéro C’est une vie d’enfer rappelle Maudite Vie Plate de la comédie musicale Belles-Sœurs). Denoncourt affiche aussi un penchant pour le théâtre populaire, la comédie, voire le burlesque. Quelques interprètes cabotinent par moments, appuyant la caricature de personnages déjà dessinés à gros traits (Annie est à l’origine une bande dessinée dans les journaux). Or, ça fait partie du menu estival. On ne boudera pas son plaisir, même si la représentation s’étire un peu.

Mais il y a dans cette production une louable volonté d’illustrer le meilleur des États-Unis : l’Amérique du président Roosevelt et de son « New Deal », un pays où les pauvres et les riches, les démocrates et les républicains, peuvent s’aider et se réconcilier. Les temps changent…

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

La mise en scène est du Serge Denoncourt pur jus. Avec des références à L’opéra de Quat’Sous, de Brecht, et à Michel Tremblay.

Magnifiques chorégraphies

Dans la distribution, la jeune Kayla Tucker défend le rôle principal de la rousse orpheline avec panache. C’est une belle découverte et un exploit pour cette adolescente née pour la scène. On connaissait le talent de Geneviève Alarie, mais sa madame Hannigan est simplement hallucinante ! Mi-Cruella DeVil, mi-Betty Bird, son personnage devrait tenir un bordel plutôt qu’un orphelinat. Ses réparties provoquent le plus de réactions dans la salle. David Savard est parfait dans le rôle du milliardaire Warbucks au bon cœur. Véronique Claveau, Émily Bégin et l’archidoué Kevin Houle sont aussi très solides.

Mais le plus épatant dans cette production, ce sont les numéros musicaux, chorégraphiés avec brio par Wynn Holmes, assistée par Nico Archambault (ce dernier fait aussi partie du chœur et de la distribution).

Holmes propose un heureux mariage de mouvements à la fois classique et urbain ; du hip-hop au ballet jazz en passant par le charleston et la valse. Le pianiste Lorenzo Somma, toujours présent sur scène, joue aussi un personnage qui fait des liens entre les scènes. Les costumes de Pierre-Guy Lapointe et le décor signé Guillaume Lord, qui évoque plusieurs quartiers de Manhattan, sont fort réussis.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Dans la distribution, la jeune Kayla Tucker défend le rôle principal de la rousse orpheline avec panache. C’est une belle découverte et un exploit pour cette adolescente née pour la scène.

Serge Denoncourt signe aussi la traduction québécoise, par moments joualisante, du livret et des chansons, en collaboration avec Manuel Tadros (pour les chansons). Un élément qui ajoute une saveur très locale à cette histoire américaine et universelle.

Annie, la comédie musicale

Annie, la comédie musicale

Durée : 2 h 40 environ avec entracte.

Cinq nouvelles représentations au St-Denis du 28 au 31 juillet. À la salle Albert-Rousseau, à Québec, dès le 12 août.

8/10

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