Coup de cœur francophone prend son envol ce jeudi, avec au programme une centaine de spectacles en dix jours. Il soufflera sur l’évènement montréalais un vent de Gaspésie, alors que le directeur du Festival en chanson de Petite-Vallée, Alan Côté, viendra y présenter son plus récent album, et que sa fille Jeanne Côté y chantera ses propres chansons.

Les effluves salins de Petite-Vallée se répandront à partir du café-bar Le verre Bouteille lors du spectacle de Jeanne, le 4 novembre, jusqu’à celui d’Alan le 12 au Lion d’or. Même s’ils se sont souvent retrouvés sur une même scène, c’est la première fois que le père et la fille sont à l’affiche d’un même festival chacun son soir, ont-ils expliqué lors d’une charmante entrevue familiale.

« On avait pensé faire un plateau double », dit Alan. « TU avais pensé faire un plateau double ! », rigole sa fille. « Puis je me suis dit que, de toute façon, ça finirait par nous rejoindre… Ça nous rejoint ce matin ! »

Comme programmateur et directeur de festival, Alan Côté est une figure connue du milieu artistique depuis 40 ans. Ses filles, littéralement nées dans la chanson, font toutes les deux de la musique — leur mère Danielle Vaillancourt est aussi musicienne. Mathilde a composé un opéra consacré aux écrits français de Kerouac et collaboré de près à l’album de son père. Jeanne, qui avait sorti un EP en 2019, lancera son premier album en janvier. Et toutes deux enseignent la musique, dans la longue tradition de transmission instaurée à Petite-Vallée.

Il est lourd à porter, le nom de Côté ?

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Jeanne Côté

Je me suis souvent posé la question, car on me ramène ça tout le temps. Ma sœur vient de terminer de lire les mémoires de Martha Wainwright, et elle m’a dit : « Martha fait dire qu’on n’aura jamais fini. » Mais pourquoi ne pas juste l’embrasser ? Ce n’est pas une honte du tout !

Jeanne Côté

Convaincue que d’une manière ou d’une autre elle fera son chemin, l’autrice-compositrice-interprète de 27 ans sait bien qu’elle a vécu une enfance différente. « J’accordais une grande valeur aux goûts musicaux de mes parents. Je n’avais pas les goûts des gens de mon âge pantoute ! À 12 ans, je tripais sur Dick Annegarn, ce n’est pas normal. »

« C’est peut-être plus difficile d’un bord de se faire un nom, convient son père. Mais en même temps, il y a la richesse de ces rencontres artistiques que vous avez faites depuis que vous êtes au monde… »

Comment aurait-il réagi si une d’elles avait voulu devenir médecin ? « J’aurais aimé ça ! Elles auraient pu sauver leur vieux père. On n’est pas obligé d’être dans la misère ! »

Il rit, Jeanne sourit. « Moi, j’ai fait un double DEC en littérature et en musique. À un moment donné, j’ai appelé mes parents pour leur dire que je pensais abandonner la musique. Et là, ils ont fait : “Non non. Reste en musique !” J’avais quand même un peu de pression… »

Son père la regarde doucement. « Mais on sentait le talent aussi. Oui, la passion de travailler la texture des mots, mais elle chante comme un ange. C’est sûr qu’on souhaitait qu’elle aille au boutte de son affaire. »

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Jeanne Côté a continué à étudier la musique et ne l’a jamais regretté. Alan Côté, lui, est un vrai autodidacte. Et c’est la création qui lui a donné le souffle pour naviguer à travers les écueils de son métier. Même s’il écrit tout le temps, Les vents de travers, qui sortira le 11 novembre, est son deuxième album en carrière et arrive près de 15 ans après son premier.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Alan Côté

Sortir un disque à 61 ans, pas connu, c’est quoi, cette folie ? Mais j’ai du monde assez sympathique pour m’encourager, une compagnie de disques, des jeunes dans mon équipe qui disent : ça peut être intéressant ce qu’il fait.

Alan Côté

« C’est pas juste du monde sympathique, tu as de quoi à dire ! », lance sa fille. Leur fierté est réciproque, et la ténacité de son père l’inspire. « Ça me confirme que si tu sens le besoin de le faire, il y a toujours moyen d’y aller. Je sens l’appel et je pense que c’est pour un bout. »

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Le père et la fille accordent aussi une grande importance aux mots. « C’est essentiel. La musique est porteuse de paroles », dit Alan, dont l’album et le spectacle tournent autour des maisons et des personnages qui les habitent. Jeanne, elle, est plus inspirée par la solitude et les questionnements existentiels de la vingtaine, sans oublier ses nombreuses influences littéraires.

Et on ne s’en sort pas, le liant de tout ça reste la Gaspésie et la force de ses éléments, que ce soit nommé ou non.

La puissance et la beauté du fleuve ont nourri leur imaginaire. « Le fleuve nous habite, dit Jeanne. Pas juste les beaux paysages qu’on voit sur photo, il a aussi une profondeur pleine de sens. » Et ce vent, qui souffle parfois si fort qu’il « n’y a pas de place pour penser », ils se font une joie de le faire tourbillonner dans l’automne montréalais, ajoute Alan. « Je souhaite vraiment que le monde vienne découvrir nos deux projets. »

Six spectacles à voir

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Salomé Leclerc

Salomé Leclerc

Pour la tournée Mille ouvrages mon cœur, le duo que Salomé Leclerc forme sur scène avec le batteur José Major est tellement dense qu’il remplit tout l’espace. Surtout, avec ses ambiances subtiles aussi rock que planantes, ce spectacle met en valeur les chansons de l’excellent quatrième album de l’autrice-compositrice-interprète, qui lui a d’ailleurs valu quatre nominations à l’ADISQ. Pour une soirée musicale de haut niveau et tout en textures.

À La Tulipe, le 3 novembre

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Shreez

Shreez

Le rappeur originaire de Laval Shreez a lancé cet automne Je suis canicule, un album qui vient établir un peu plus encore sa présence sur la scène hip-hop de la métropole. Acolyte de Tizzo, avec qui il a remporté le Prix de la chanson SOCAN en 2019, Shreez raconte son vécu, de la rue au succès en passant par l’argent et ses racines. Entouré de ses invités, il lancera officiellement ce premier album lors d’une grande soirée au Club Soda.

Marissa Groguhé, La Presse

Au Club Soda, le 4 novembre

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Matiu

Matiu

Avec sa voix éraillée et son blues rock accrocheur, Matiu dégage déjà une énergie irrésistible sur disque. On profitera donc de ce rare passage à Montréal pour enfin voir sur scène l’auteur-compositeur-interprète innu qui, sur son plus récent (et excellent) album, Tipatshimushtunan, rend un vibrant hommage à son Maliotenam natal. La soirée ne sera pas ennuyante.

Au Lion d’Or, le 9 novembre

PHOTO CHARLINE CLAVIER, FOURNIE PAR L’ARTISTE

Anatole

Anatole (avec Velours Velours)

Anatole vient de faire paraître un convaincant troisième album, Alexandre Martel, et montera sur la scène du bar L’Escogriffe pour le défendre. Celui qui a contribué en tant que réalisateur à de nombreux albums, dont ceux de Lou-Adriane Cassidy, Hubert Lenoir, Alex Burger, Thierry Larose, Lumière et Lysandre, prend ainsi de nouveau la scène, pour notre plus grand plaisir. Le talentueux Velours Velours sera en première partie.

Au bar L’Escogriffe, le 11 novembre

Marissa Groguhé, La Presse

PHOTO ÉRICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Sylvie Paquette

Sylvie Paquette

Après des années d’absence, Sylvie Paquette a lancé cette année Je resterai tout près, très bel album à l’enrobage sophistiqué, dans lequel le deuil est transformé en un hommage lumineux à la vie. L’inestimable autrice-compositrice-interprète se posera pendant deux soirs au Petit Outremont, où on pourra se glisser parfaitement dans sa bulle délicate.

Au Petit Outremont, les 12 et 13 novembre

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Marilyne Léonard

Marilyne Léonard (avec Rau Ze)

La jeune autrice-compositrice-interprète Marilyne Léonard fera sa rentrée montréalaise dans le cadre de Coup de cœur francophone. Son indie pop fait beaucoup jaser et en a charmé plus d’un. La musicienne présentera des titres de sa mixtape, parue en mai dernier, ainsi que de nouvelles pièces tirées d’un album à venir prochainement. La plus récente gagnante des Francouvertes, Rau Ze, assurera la première partie de ce concert qui promet de ravir.

Au Ministère, le 12 novembre

Marissa Groguhé, La Presse

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