(Berne) Environ 150 personnes ont manifesté samedi à Bern en Suisse devant le stade où le groupe de rock métal allemand Rammstein devait se produire devant 40 000 spectateurs, alors que son leader est visé par une enquête pour agressions sexuelles, a constaté l’AFP.

Brandissant des pancartes disant « Je la crois » ou « Stop à la culture du viol », la petite foule a défié les fans du groupe avec, entre autres amabilités, des doigts d’honneur, auxquels les spectateurs ont répondu de même et poussé des huées. Un cordon de police séparait les deux camps.

Le chanteur du groupe Till Lindemann, 60 ans, est accusé par plusieurs femmes d’agressions sexuelles lors de fêtes organisées en coulisse après les concerts du groupe. Ce que le chanteur a démenti par l’intermédiaire de ses avocats.

Le parquet de Berlin a ouvert une enquête mercredi et le producteur Universal Music a annoncé le lendemain qu’il suspendait toute activité marketing et la promotion du groupe.

L’affaire a débuté fin mai avec le témoignage d’une Irlandaise de 24 ans. Cette dernière a toutefois déclaré sur les réseaux sociaux que le chanteur du groupe ne l'avait pas violée.

« Je souhaite clarifier que Till ne M'A PAS touché. Il a accepté le fait que je ne voulais pas avoir de relations sexuelles avec lui. Je n'ai jamais dit qu'il m'avait violé. Veuillez lire le fil Twitter pour obtenir le contexte avant de faire des reportages », a mentionné Shelby Lynn sur Twitter.

Le succès de Rammstein, groupe germanophone le plus vendu au monde, repose notamment sur la démesure des concerts, à grand renfort de pyrotechnie, riffs de guitare et la présence physique imposante de Till Lindemann.

À Bern, les accusations n’ont pas découragé les fans et le concert affichait complet, sans qu’on sache si les fêtes d’après-concert seraient ou non annulées comme à Munich récemment.

« Ça ne change rien pour nous », a affirmé Marie Rouillon, une Française de 51 ans, venue avec son mari Arnaud, tous deux fans depuis 15 ans de Rammstein.

Si les accusations s’avéraient exactes, ce serait un choc, concède toutefois le couple : « Mais cela nous empêcherait-il d’aller les voir ? Je ne pense pas », a ajouté Marie.

« Peut-être que c’est vrai, peut-être pas, moi, je suis là pour le concert », approuvait aussi Lara Andermatt, 20 ans, enthousiaste à l’idée de voir son groupe préféré pour la première fois en personne.

Le groupe effectue actuellement une tournée des stades européens. En Autriche et en Suisse, des appels au boycottage ont été lancés. Il doit également se produire à Paris le 22 juillet. Trois concerts sont prévus à Berlin les 15, 16 et 18 juillet.

Une pétition lancée par les Jeunes socialistes de Suisse a réuni 7500 signatures mais échoué à faire interdire les deux concerts bernois. « Nous sommes clairement très déçus », a commenté la secrétaire adjointe Mathilde Mottet à l’AFP. « Vous avez 40 000 personnes qui viennent voir un possible violeur, c’est totalement scandaleux ».

Avec la BBC