Robert Charlebois a clôturé samedi soir les 34es Francos avec son spectacle à grand déploiement Robert en CharleboisScope. À près de 79 ans, en forme et en voix, le chanteur a insufflé à la place des Festivals son swing légendaire.

On aurait pu croire que la pluie de la journée et le temps très frais freineraient l’ardeur des festivaliers. Pourtant, dès 20 h 30, ils étaient des centaines massés devant la grande scène – une foule diversifiée composée de beaucoup de familles, de jeunes adultes avec leurs parents, de copains boomers, de bandes de trentenaires et de couples de quadragénaires, au rendez-vous malgré les intempéries.

Les parapluies se sont heureusement fermés vers 21 h lorsque « Garou » est monté sur scène, et la foule assez dense – mais qui aurait pu l’être davantage sans le mauvais temps, c’est certain – a pu profiter au sec de son voyage dans le répertoire intemporel du chanteur.

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« On n’est pas faits en chocolat ! », a lancé le chanteur à la foule au début de la soirée.

Créé il y a quatre ans déjà, Robert en CharleboisScope a été présenté essentiellement dans de grandes salles depuis 2019. C’est donc tout un cadeau que les Francos offraient samedi soir au public, d’autant qu’il était à l’identique, avec les projections soignées sur écran géant, faites d’images d’archives, de dessins psychédéliques et d’animations colorées.

Surtout, l’enrobage était le même : les arrangements enlevants de Daniel Lacoste et le groupe de 10 musiciens – un trio de cuivres, deux batteurs, deux guitaristes, un bassiste, un violoniste, un claviériste – pour donner de la profondeur à ces musiques qu’on connaît par cœur.

Tout de blanc vêtu, Robert Charlebois a ainsi été généreux de ses chansons immortelles. Après avoir ouvert avec la plus récente Le manque de confiance en soi – un vieux texte de Réjean Ducharme qu’il a mis en musique il y a quelques années –, les succès, ou plutôt les classiques, se sont enchaînés sans répit.

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À près de 79 ans, Charlebois ne manque pas de swing.

Dès le début de la deuxième chanson, Dolorès, on a su en fait que Charlebois allait nous donner une vraie leçon de rock, de blues et de charisme, la jambe swinguante, la voix qui porte et le sourire en coin. Ont suivi Les ailes d’un ange, Ent’ deux joints, Tout écartillé – qu’il chante encore et toujours tout écartillé, comme il se doit –, Mon pays, Fu Man Chu : un tel déferlement ne peut qu’engendrer une admiration sans bornes et un plaisir non coupable, même si on les a entendues un million de fois.

Le summum de la soirée a certainement été l’arrivée sur scène de son amie depuis 60 ans, Louise Forestier. La chanteuse de 80 ans a apporté sa voix puissante et sa présence magnétique à California et, bien sûr, Lindberg, et tout le monde s’est un peu pincé d’avoir pu vivre ce moment unique en compagnie du mythique duo.

Après la toujours remuante Ordinaire – on s’est encore pincé, on l’avoue –, Robert Charlebois a lancé J’t’aime comme un fou à la batterie, et a fait lever les mains dans les airs aux milliers de personnes rassemblées devant lui.

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Charlebois a donné une vraie leçon de rock.

Puis son amie Louise est revenue le rejoindre pour La fin du monde, et, en rappel, le spectacle a filé à toute vitesse jusqu’à la fin avec Je reviendrai à Montréal, entonnée de manière émouvante par des dizaines de milliers de voix, puis avec l’électrique Te v’là.

Sur les écrans géants, en attendant le rappel, il était franchement beau de voir des gens de toutes les générations témoigner leur amour à un chanteur qui les a accompagnés toute leur vie. Il est même arrivé cette chose très rare après sa sortie de scène : le public est resté sur place pour regarder le générique qui défilait, avec une vidéo d’un jeune « Garou » chantant Ordinaire, et qu’on applaudit à la fin. Sincèrement touchant.

Robert Charlebois n’est que peu intervenu pendant la soirée, faisant quelques blagues ici et là, mais il a pris le temps de remercier les dieux de la musique d’avoir arrêté la pluie juste à temps. On les remercie aussi, mais les gens qui sont restés à la maison à cause du mauvais temps vont probablement se mordre les doigts longtemps.