La troupe australienne Gravity & Other Myths a donné le coup d’envoi du 14e festival Montréal Complètement cirque mercredi soir avec sa plus récente création The Pulse. Une démonstration de force de 24 acrobates de la compagnie, transportés par les voix de 36 choristes catalanes.

On savait déjà de quel bois se chauffaient ces acrobates-cascadeurs, prêts à relever tous les défis, avec leurs petits sourires en coin. Sans appareil ni agrès. Mais on n’avait encore jamais eu l’occasion de les voir tous réunis sur scène.

Nous l’écrivions il y a quelques jours, The Pulse a été créé pendant la pandémie, alors que l’ensemble des acrobates de la compagnie ont été forcés de rentrer au bercail. Ce spectacle est le fruit de leur travail en groupe.

Malgré une mise en place un peu laborieuse – même s’il est vrai qu’ils sont 60 à devoir s’installer sur scène –, la pièce acrobatique mise en scène par Darcy Grant a enfin pu prendre son envol.

Dès le premier segment, on retrouve la signature de Gravity & Other Myths. Banquine, portés, jetés, équilibres, figures aériennes, colonnes (à deux, à trois et même à quatre), saltos, roulades… Ils en jettent. Tout ce que l’acrobate est capable de faire, ils le font.

Dans l’exécution, le metteur en scène multiplie les arrêts sur image avec des fonds de couleurs. Un plongeon aérien. Noir. Une figure pyramidale aérienne. Noir. Une colonne qui s’écroule. Noir. Comme des petits flashs ou des polaroïds. Des pouls de la vie.

PHOTO FOURNIE PAR GRAVITY & OTHER MYTHS

Les 24 acrobates de Gravity affectionnent les colonnes. Que ce soit à deux, à trois ou à quatre.

Le tout est bien sûr rythmé par les voix (magnifiques) des jeunes femmes du chœur Orfeò Català. Un mariage qu’on n’avait encore jamais vu ni entendu, et qui donne une véritable profondeur à The Pulse.

Passons rapidement sur le brouhaha qui a suivi – le temps d’assembler des cordages des gradins à la scène. Un autre moment de va-et-vient inutile… Le spectacle a heureusement pu reprendre avec une autre séquence formidable où les 24 acrobates de Gravity ont pu faire valoir leur joyeuse témérité.

L’humour de la troupe, si présent dans ses spectacles précédents, n’est pas au cœur de cette création – même s’il y a une scène assez craquante où l’un des acrobates saute sur le ventre de ses camarades – couchés sur le dos – pour leur soutirer de petits cris de douleur.

Effort collectif

Pour le reste, Darcy Grant nous convie plutôt à une espèce d’ode à l’acrobate, dans une pièce chorégraphiée au millimètre près – avec parfois un peu trop de zèle. Pendant les 70 minutes de la pièce, les artistes passent en effet beaucoup (trop) de temps à se « placer ».

N’empêche. The Pulse nous fait la démonstration – preuve à l’appui – que le cirque n’est pas un art individuel. Les séquences acrobatiques les plus épatantes (et les plus originales) sont bel et bien le résultat d’un effort collectif et d’un travail collaboratif. Un élément clé du spectacle.

Dans l’un des derniers tableaux du spectacle, les choristes se placent face aux acrobates et leur servent d’appui. Une voix sort du chœur, ponctue un numéro, puis un autre. C’est magnifique. Il y a vraiment une belle communion entre la voix et le corps. Le cœur s’occupe du reste.

Est-ce que The Pulse parvient à créer un sentiment d’intimité sur scène comme le souhaitait le metteur en scène Darcy Grant ? Par moments, oui. Mais c’est surtout ce dialogue entre la voix et le corps qui fait mouche. Pour le reste, on a quand même un peu l’impression que ça faisait beaucoup (trop) de monde à gérer sur scène à la fois.

The Pulse

The Pulse

Gravity & Other Myths

À la Tohu, Jusqu’au 8 juillet

7/10

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