Beyoncé était sur scène deux soirs de suite à Toronto le week-end dernier, dans le cadre de sa tournée mondiale Renaissance. Notre journaliste était de cet évènement exceptionnel. La venue de Queen B dans la Ville Reine a représenté une ode à la culture afro-queer et un moment de communion pour les fans de partout.

Ce n’était pas qu’un simple spectacle de musique. C’était une expérience culturelle, sensorielle et émotionnelle, dans un déploiement grandiose. Le concert s’est déroulé il y a quelques jours et nous sommes toujours, au moment d’écrire ces lignes, en train d’encaisser les deux heures et demie de pur divertissement offertes par Beyoncé. Sa performance était si colossale qu’il faudrait la revoir plusieurs fois pour s’assurer de n’avoir rien manqué.

Il y a eu les retours à son répertoire des 20 dernières années pour de fabuleux moments de nostalgie, il y a eu les segments purement consacrés à l’album Renaissance, où elle a livré ses nouveaux succès dans une ambiance disco futuriste. Il y a aussi eu les instants où Beyoncé a laissé la scène à ses danseurs pour des numéros non seulement divertissants, mais aussi porteurs de messages importants – comme lors du dernier interlude, durant lequel l’univers du ballroom a pris l’avant-scène.

Parce qu’elle ne fait jamais les choses à moitié, Beyoncé a pensé son spectacle en plusieurs actes, divisés par des intermèdes. Elle est une fois réapparue sur scène dans un costume de robot, puis dans un accoutrement d’abeille (signé Mugler), une autre fois accompagnée d’un gigantesque buste de cheval, avant cela, sur un char de combat monté d’un poteau de strip-tease, ou bien, à la fin, sur un cheval scintillant qui s’est envolé au-dessus de la scène et de la foule.

Il n’y avait rien de trop grand, de trop glamour ou de trop camp pour ce concert.

Il ne s’agissait pas d’un moment axé sur l’intimité (Beyoncé a d’ailleurs peu interagi avec son public), mais bien sur l’extravagance et la célébration, comme l’a fait l’album Renaissance.

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Beyoncé a peu interagi avec son public.

Lisez notre critique de l’album Renaissance

On nous a raconté une histoire, en musique, en images, en danse. Chaque fois que la chanteuse s’est éclipsée pour un changement de tableau, de décor et de costume, l’agitation a monté dans la foule. C’était comme vivre cinq concerts en un. Le point commun chaque fois : une performance vocale exceptionnelle, mettant en valeur l’immense registre vocal de Beyoncé, qui a moins dansé qu’à son habitude, mais a été impeccable sur tous les fronts.

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Beyoncé a été impeccable, selon notre journaliste.

Son premier tableau, The Signboard, lui a permis d’habiter la scène seule, débutant avec Dangerously in Love, Flaws and All, 1+1, I Care… Bref, une mise en bouche où les classiques étaient à l’honneur. Le tableau intitulé Renaissance a lancé les festivités sur la musique disco et house, permettant au Rogers Centre de devenir une piste de danse, sur les rythmes que la culture noire et queer a mis au monde. I’m That Girl, Cozy, Alien Superstar… Puis, un autre changement de costume et d’ambiance pour Cuff It, Energy, Break My Soul, dans le tableau Motherboard, suivi de quelques autres classiques, dont Formation, Diva et Run the World (Girls). Pour la partie intitulée Anointed, on a poursuivi avec des chansons que tous connaissent : Rather Die Young, Love on Top, Crazy in Love. La fin du concert a été consacrée à l’album Renaissance, avec notamment Virgo’s Groove, Move, Heated, Pure/Honey et la finale, Summer Renaissance.

Habillés pour l’occasion

Bien qu’elle prenne parfois part au concert, la fille de Beyoncé, Blue Ivy, dont le numéro avec sa mère est devenu viral, n’était pas présente lors des performances à Toronto. Jay-Z, lui, était dans la foule lors du premier soir, assistant comme à son habitude au concert du parterre, avec le public.

Nous n’avons malheureusement pas croisé Jay-Z, mais lorsque nous nous sommes promenée dans les différentes sections, plus d’une heure avant que Beyoncé monte sur scène, les allées bourdonnaient d’une frénésie. L’ambiance était à la célébration. Partout, on faisait honneur à Queen B, à son œuvre, au disco et au ball.

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Une personne munie d’un éventail de Beyoncé lors de son concert

Le mot d’ordre pour le code vestimentaire ce soir-là : aucune limite.

Lorsqu’on assiste à un concert de Beyoncé, on opte pour les strass et les paillettes, les bottes et les chapeaux de cowboy, les accents argentés, les vêtements transparents et tout ce qui peut en jeter plein la vue.

Des séances photo impromptues se tenaient un peu partout, les fans prenant très au sérieux leurs performances de mannequins d’un soir.

Une expérience totale

Beyoncé à Toronto, c’était tout cela… et plus encore. Le week-end dernier, tout semblait tourner autour de la diva. Dans les rues principales de la Ville Reine, à chaque croisement, on était presque assuré de tomber sur quelqu’un portant un des articles de la marchandise de la tournée ou étant visiblement habillé pour assister au concert.

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Des fans de Beyoncé

Samedi après-midi, quelques heures avant le premier des deux concerts, nous nous trouvions en plein centre-ville, avec des centaines d’autres fans. Au Holt Renfrew, rue Bloor, une exposition des costumes de scène de Beyoncé, signés Balmain, était présentée. On y vendait également de la marchandise, dont des pièces exclusives de la marque Balmain. Comme plusieurs centaines de personnes, nous avons attendu plus de deux heures pour cette immersion – plutôt moyenne – dans l’univers de Beyoncé, qui nous semblait néanmoins inévitable.

C’est que ce week-end, pour bien des gens, représentait une expérience complète, pour laquelle certains sont venus de loin. Nous avons d’ailleurs croisé de nombreux Québécois. « Il y a des gens de vraiment partout », nous a affirmé une employée du Holt Renfrew quand, après plusieurs heures, nous avons enfin eu accès à l’exposition.

Comme plusieurs, nous nous sommes laissé tenter par un souvenir hors de prix qui nous rappellerait que nous étions là, ce week-end d’été 2023, lorsque la Queen B nous a fait l’honneur de sa présence. Si vous trouvez, à ce stade-ci, que tout cela évoque quelque peu une sorte de culte… vous n’avez pas tort. Beyoncé fait partie des artistes pop contemporains dont le statut dépasse l’entendement. Heureusement, elle ne tient pas ce rôle pour acquis, comme en a témoigné son spectacle, durant lequel la reine a été… majestueuse.