La paillette est à l’honneur à la salle Wilfrid-Pelletier ces jours-ci, dans 7 – De Broadway à Hollywood, nouvelle production interactive de Gregory Charles. Avec 6 chanteurs, 10 musiciens, 4 danseurs et une centaine de choristes, celui-ci ne ménage pas le clinquant pour célébrer la crème des trames sonores de comédies musicales. Et il a offert jeudi soir un vibrant hommage à Karl Tremblay.

Gregory Charles assume pleinement son goût pour la démesure dans cet immense pot-pourri généreux, ambitieux, agrémenté d’une touche kitsch que ne dédaignent généralement pas les amateurs de fresques chantées. « C’est comme les Oscars », lance l’hôte en accueillant son monde endimanché pour la cause, en ouverture.

Tenues de gala scintillantes, orchestre réparti à la largeur de la scène derrière des lutrins marqués de « 7 » blancs lumineux, chorégraphies bien chauffées et endiablées signées DM Nation, éclairages coordonnés, chœur dévoilé à mi-chemin drapé de blanc : Gregory insuffle effectivement à sa création un (petit) air de parenté avec Broadway.

Talent brut

Avant de s’asseoir, les spectateurs remplissent un formulaire concernant leurs préférences au cinéma musical, y compris les films biographiques. Gregory Charles et ses troupes sont parés à toute éventualité ; un bassin de quelque 600 pièces a été préparé pour satisfaire le plus grand nombre et couvrir un peu toutes les périodes et tous les genres. Le contenu variera donc d’une représentation à l’autre, à l’image de ce que l’instigateur proposait il y a plus de 20 ans avec son spectacle-évènement Noir et blanc (2002).

À la lumière de ce que nous avons vu, force est toutefois d’admettre que le public demeure plutôt conservateur dans ses choix. En première partie se sont attachés des titres des Moulin Rouge, Chicago, Cats, Le fantôme de l’opéra, Cabaret, Un violon sur le toit, La mélodie du bonheur et autres Misérables de circonstance. Ça s’est peaufiné en deuxième portion, alors qu’on s’attarde aux films biographiques. On vogue alors de Tina Turner à Amadeus en passant par Elton John, Édith Piaf et la sempiternelle Bohemian Rhapsody, dans un format symphonique desservant rarement les chansons. L’érudit Gregory entrecoupe les tableaux de références historiques ou d’anecdotes personnelles sur ses parents et lui.

PHOTO PAUL MENZIES, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Gregory Charles au piano

Signe de la période économiquement chancelante, la plus prestigieuse enceinte de la Place des Arts n’était absolument pas remplie pour 7, jeudi, soir de première médiatique. Un parterre à moitié plein, de nombreuses corbeilles vides : il était dommage d’admirer Gregory Charles et sa belle bande s’égosiller devant si famélique assistance.

Car il y a énormément de talent brut chez ses jeunes collègues. Parmi eux, la mezzo-soprano Klara Martel-Laroche en impose. En prestation avec Gregory sur Le fantôme de l’opéra, puis en souveraine sur la reine de la nuit de La flûte enchantée (que « moins de 1 % de 1 % des gens savent chanter », a précisé le maître de cérémonie), la jeune femme a étincelé et n’a pas volé son ovation debout sentie.

PHOTO PAUL MENZIES, FOURNIE PAR LA PRODUCTION

Les danseurs et danseuses de 7 – De Broadway à Hollywood

La puissance d’Audrey-Louise Beauséjour a aussi épaté les spectateurs. Après son pastiche de Misery de la Barbra Streisand de Cats, et celui de la Whitney Houston du Bodyguard sur – évidemment – I Will Always Love You, ses réceptions à elle aussi étaient bruyantes. On ne comprend toujours pas que la jeune femme n’ait pas remporté la victoire lors de sa participation à Star Académie, en 2022.

Même la petite Julia, fille de 11 ans de Gregory Charles, fait partie de l’aventure, poussant la note, plutôt juste, sur l’univers d’Oliver Twist ou sur La vie en rose.

Hommage à Karl

C’était inévitable : Gregory Charles a consenti, jeudi, à déroger de son programme (plus ou moins) établi pour rendre hommage à Karl Tremblay, des Cowboys Fringants, qui s’était éteint la veille. Pour adoucir quelque peu notre chagrin collectif, il a fondu, avec sa Julia, quelques vers de Sur mon épaule à Can You Feel The Love Tonight, d’Elton John, Mon Dieu d’Édith Piaf et Un musicien parmi tant d’autres, d’Harmonium. L’approbation d’émotion a été spontanée à ses pieds. Gregory Charles a même prédit que le répertoire des Cowboys deviendra avant longtemps objet d’une comédie musicale « à résonance dramatique ». (Rappelons que la comédie musicale Pub Royal débute à Québec mercredi soir prochain.)

La vignette finale, festive, entremêle Mamma Mia !, Fame, Saturday Night Fever, Kinky Boots et d’autres franchises, les mouvements se déchaînant sur Dancing Queen et I Will Survive, avec un clin d’œil aux drag queens par les deux hommes du groupe, Marc-Antoine Gauthier et Mathieu-Philippe Perras. Des valeurs sûres, encore. Mais on en sort avec le sourire !

Gregory Charles et sa troupe présentent 7 – De Broadway à Hollywood ce samedi et dimanche, 18 et 19 novembre, à la salle Wilfrid-Pelletier, puis à la salle Albert-Rousseau, à Québec, du 20 au 23 juin prochain.

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