Charlotte Cardin a donné jeudi soir la première de quatre représentations dans une Place Bell pleine à craquer.

C’était un retour à la maison en forme de triomphe pour l’autrice-compositrice-interprète, puisque plus de 35 000 personnes verront d’ici dimanche ce spectacle dans lequel elle démontre qu’elle est dans une classe à part, autant par sa maîtrise de la scène que par son sens de l’élégance et de la joie, et surtout sa puissance irrépressible qui se répercute sur toutes les jeunes femmes du public – et sur tous les autres, bien sûr !

  • Le spectacle de Charlotte Cardin à la Place Bell en photos

    PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE

    Le spectacle de Charlotte Cardin à la Place Bell en photos

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La dernière fois que Charlotte Cardin s’était produite à Montréal, c’était en 2022, lors de 13 mémorables représentations au MTelus. Outre un spectacle non prévu à Osheaga l’été dernier en remplacement d’Aya Nakamura, on ne l’avait pas revue sur une scène de la région montréalaise. Près de six mois après avoir entrepris sa tournée 99 Nights à Trois-Rivières et à Québec, elle était enfin de retour jeudi, et a reçu l’accueil qu’elle méritait : celui d’une princesse de la pop qui est aussi l’enfant chérie du public montréalais.

On a beaucoup parlé de la chanteuse québécoise depuis deux semaines : extinction de voix qui l’a forcée à annuler plusieurs spectacles européens – on vous garantit qu’elle est guérie ! –, artiste la plus citée aux Juno avec six sélections, annonce qu’elle chantera l’hymne national du Canada au match des étoiles de la NBA… Tout cela nous rappelle à quel point sa carrière a pris un envol spectaculaire. Mais on n’en est jamais aussi convaincu que lorsqu’on voit l’autrice-compositrice-interprète habiter la scène avec une aisance qui ne peut être acquise qu’au fil des années – la Charlotte Cardin qu’on avait vue en 2017 au Club Soda, talentueuse, mais plutôt timide derrière son clavier, est bien loin.

Sur une scène très épurée faite de trois paliers, Charlotte Cardin arrive dans l’ombre pour chanter Looping, qui figure sur 99 Nights, son deuxième album, sorti en août 2023. Puis la soirée prend tout de suite son envol avec Meaningless, tirée de Phoenix, son précédent. Elle se promènera ainsi essentiellement à travers l’excellent répertoire de ces deux albums, qui forment un corpus plus que solide de pop étincelante.

Il n’y a pas de projections ni d’installations spectaculaires dans ce spectacle de Charlotte Cardin, seulement des éclairages subtils et une grande scène habitée par les musiciens et la chanteuse, qui parfois empoigne sa guitare, d’autres fois se met au clavier, ou s’installe au grand piano blanc.

C’est épuré et élégant, en fait, et l’accent est mis sur sa présence, sa voix unique et, au risque de nous répéter, sa puissance et son affirmation teintée d’un peu de vulnérabilité – si la foule est diversifiée, on y dénote une grande majorité de jeunes femmes qui manifestement s’y reconnaissent. En les voyant se défouler à l’unisson sur les hymnes rassembleurs de Charlotte Cardin, on ne peut qu’être ému par la joie de cette communion.

Et de la joie, Charlotte Cardin en avait à revendre jeudi. « Je ne peux pas croire que c’est vraiment ça, ma vie. C’est notre premier spectacle à la maison dans un aréna. J’avais tellement hâte de vous voir ! », a-t-elle lancé après un « bonsoir, Montréal » bien senti – elle avait de toute évidence oublié que la Place Bell se situe à Laval, mais on ne lui en tiendra pas rigueur, ce n’est pas loin et c’est vrai qu’elle était à la maison.

« Je ne vais jamais oublier cette soirée »

La soirée s’est déroulée ensuite dans une constante montée, avec des morceaux comme Passive Agressive et Daddy’s a Psycho avec un ensemble de huit cordes, qui est resté pour quelques pièces, dont Phoenix et Anyone Who Loves Me, dédiée aux femmes de sa vie – un moment de grande beauté et d’émotion.

Les cordes parties, le rythme plus trépidant a repris le dessus. « Vous passez une belle soirée ? Nous, on capote ! », a lancé la chanteuse, manifestement heureuse et épanouie, qui a affirmé plusieurs fois passer « une des plus belles soirées » de sa vie – il n’y avait pas de raison de ne pas la croire.

Jusqu’au rappel, la Place Bell s’est alors transformée en piste de danse, avec 99 Nights, l’incroyable Jim Carrey, qu’elle fait pratiquer au public comme une vraie meneuse de foule, mais avec un naturel désarmant, Sex to Me… Il fallait la voir sauter sur Feel Good et se défouler sur Confetti – qui s’est terminée, bien sûr, avec une pluie de confettis – pour comprendre à quel point elle est devenue une performeuse hors du commun.

« Je ne vais jamais oublier cette soirée », a dit Charlotte Cardin en revenant pour le rappel. Pour lequel elle réservait deux surprises : d’abord, son ami Devon Portielje, de Half Moon Run, qui est venu partager deux chansons… puis Patrick Watson, un autre enfant chéri des Montréalais, qui les a rejoints au piano. Elle a partagé avec Watson sa chanson Je te laisserai les mots puis Next to You, dans un moment de grâce qui faisait une parfaite conclusion à une soirée plus que parfaite. Qu’on n’oubliera pas de sitôt nous non plus.