Demain après-midi, au lieu de vous payer une petite déprime automnale, résistez! Rendez-vous à 16h, à l'Espace Tangente, pour assister à GravelWorks, un délire concocté par Frédérick Gravel et sa gang du Grouped'ArtGravelArtGroup. Les filles y sont jolies, les mecs sexy, la musique décape et la danse déménage.

En réunissant des capsules chorégraphiques créées entre 2006 et 2008, Gravel et ses complices, dont les interprètes Francis Ducharme, Ivana Milicevic, Lucie Vigneault et Jamie Wright, et les musiciens Hugo Gravel et Stéphane Boucher, ont conçu une soirée qui tient du concert rock, du spectacle de danse et du numéro comique, grâce à l'humour pince-sans-rire de Gravel.

 

Cette fois, Gravel plonge dans la pop. Ici, la danse ne se gêne pas pour être accessible, parce qu'elle est athlétique et remplie de prouesses. La musique, jouée surtout live (et fort!), passe notamment d'Enio Moricone à PJ Harvey, à Vivaldi et même à Elvis Presley. Sur scène, on va jusqu'à manger des frites et à boire de la bière, et les vêtements se font parfois rares. En outre, Gravel exploite à fond le facteur choc: la légèreté des propos qu'il tient au micro pour présenter chacun des tableaux contraste souvent avec la violence ou la dureté des séquences en question.

Ainsi, après avoir épilogué sur le fait que la première séquence s'intitule ironiquement Le duo trop court, Gravel s'élance, avec Wright, dans un duo dont on s'attend qu'il sera drôle et caricatural; le résultat est au contraire sombre et intense. Idem pour une section de groupe rendue quasi insoutenable parce que dansée sur Rape Me, de Nirvana: sciemment gratuit, mais très efficace. Et que dire du trio entre Ducharme, Milicevic et Vigneault: à la fois amusant, sexy et troublant.

Par ailleurs, Gravel récupère, sans aucun scrupule: portés à bout de bras à la Daniel Léveillé, séquences d'unisson hard core à la Dave St-Pierre ou musique rock jumelée à des envolées fracassantes, réminiscence de la première heure de La La La Human Steps. Ainsi, ces emprunts à des créateurs considérés comme faisant la pluie et le beau temps de l'avant-garde deviennent ici de simples lieux communs. C'est que Gravel se fait autant apôtre qu'observateur cynique de cette pop. Son propos critique se loge aussi dans ses textes ou dans ses jeux d'opposition qui virent à l'absurde. Une seule ombre au tableau: le discours de Gravel semble cette fois moins caustique qu'il l'a déjà été.

GravelWorks du Grouped'ArtGravel ArtGroup. Aujourd'hui à l'Espace Tangente, 16h. Info: 514-525-1500.