Béni soit Danse Danse d'avoir invité le Ballet du Grand Théâtre de Genève à Montréal! Au programme, des oeuvres - signées Saburo Teshigawara, Andonis Foniadakis et Sidi Larbi Cherkaoui - qui déménagent, virevoltent et emportent le spectateur, le tout défendu par des interprètes virtuoses, inspirés et sensuels.

L'entrée en matière est d'une sobriété parfaite. Dans Para-Dice, de Saburo Teshigawara (habitué du défunt Festival international de nouvelle danse de Montréal), on a plaisir à retrouver la gestuelle incroyablement évanescente du grand chorégraphe japonais. Si l'harmonie de l'ensemble ne s'effrite jamais, les danseurs du Grand Théâtre de Genève rendent à merveille les mille et une variations, et contradictions, de textures et de dynamiques dans les mouvements, qui font que Para-Dice existe quelque part entre immobilité et vitesse, retenue et abandon.

 

Vient alors Selon Désir d'Andonis Foniadakis. Au diable les demi-teintes: ici, la danse explose. Foniadakis, ancien danseur du Ballet Béjart de Lausanne, offre sans conteste le clou de la soirée. D'abord une seule danseuse, nerveuse et allumée, tourbillonne sur un vaste plateau vide. Puis ils sont bientôt des dizaines à tournoyer avec abandon, en un déferlement continu, portés par les choeurs de La Passion selon saint Matthieu et La Passion selon saint Marc de Jean-Sébastien Bach.

Selon Désir n'est que spirales - un motif récurrent dans les trois chorégraphies au programme. L'impulsion émane de la tête et même des cheveux. Pour le spectateur, c'est jouissif et contagieux. Afin d'éviter la monotonie, Foniadakis module la frénésie ambiante en fragmentant régulièrement le groupe en sous-ensembles. Par-ci, par-là, une ou deux personnes se détachent aussi du tout: l'extase les épuise, ou peut-être sont-ils pris de doute à force de se trouver ainsi en déséquilibre constant.

Le Ballet du Grand Théâtre de Genève clôt le programme avec Loin, signé Sidi Larbi Cherkaoui, qui met notamment en valeur les origines cosmopolites des danseurs de la compagnie. Le chorégraphe de Foi et de Myth y va d'une ambiance feutrée et intime. L'entrée en matière, une sorte de farandole de jeux de mains, est aussi magique que singulière. Puis, Cherkaoui alterne entre des duos fantaisistes et de curieux monologues prononcés à l'unisson qui exposent, avec humour, les aléas de la vie en tournée. Nonobstant quelques longueurs et quelques transitions moins réussies, Loin s'avère agréablement fantasque.

Les représentations de Montréal sont malheureusement terminées, mais le Ballet du Grand Théâtre de Genève présente Para-Dice, Selon Désir et Loin au Théâtre Hector-Charland, à L'Assomption, le 10 février. Ne boudez pas votre plaisir.

Le Ballet du Grand Théâtre de Genève, le 10 février au Théâtre Hector-Charland, à L'Assomption. Info: (450) 589-9198, poste 5.