Les Ballets Jazz de Montréal (BJM Danse) sont en tournée. D'ici la mi-avril, la compagnie de 12 danseurs se produira dans 17 villes d'Italie, de Suisse et de France, à guichets fermés. Mais ils ont un trou dans leur baluchon. Dans le cadre du programme PromArt, qui sera aboli le 31 mars prochain, BJM Danse devait recevoir 65 000 $ pour payer les frais de transport et les allocations des artistes. Le ministère des Affaires étrangères et du Commerce international (MAECI) ne leur a finalement pas accordé la subvention de 65 000 $.

Même scénario aux Grands Ballets canadiens de Montréal. La compagnie entamera, début juin, sa première tournée au Proche-Orient: elle se produira à Tel-Aviv, à Jérusalem, puis quatre soirs à l'Opéra du Caire, avant de s'envoler pour la Slovénie et l'Allemagne. Manque à gagner au budget de cette tournée: environ 250 000 $, le MAECI ayant refusé d'accorder la subvention que la compagnie recevait annuellement dans le cadre du programme PromArt.

Mais alors, pourquoi partir? «Parce qu'on s'est engagé à la réaliser cette tournée! Même chose pour la tournée américaine que nous allons entreprendre au printemps. Là encore, nous n'avons pas eu l'appui des Affaires étrangères, alors on assumera le risque», signale Pascale Correïa, directrice générale de BJM Danse. Bien que la compagnie ait reçu une subvention du Conseil des arts du Canada, venue réduire le déficit de la tournée européenne, Mme Correïa a aussi dû se résigner, contrairement aux conventions, à demander aux diffuseurs qui accueilleront la compagnie en Europe d'assumer certains frais d'hôtel et de transport.

Pour les GBCM non plus, pas question d'annuler la prestigieuse tournée au Moyen-Orient. «La compagnie est invitée à faire partie des célébrations du centenaire de Tel-Aviv. C'est aussi le 60e anniversaire des relations bilatérales entre le Canada et l'État d'Israël», explique Alain Dancyger, directeur général des GBCM. D'autant plus que, à la suite de cette invitation, la compagnie a enfin pu accepter celle de l'Opéra du Caire, qui la courtise depuis environ quatre ans!

Par ailleurs, l'abolition d'une tournée érode les conditions de travail, déjà précaires, des danseurs. «Nous leur garantissons 42 semaines par année, dont environ huit sont consacrées aux tournées. Si les danseurs ne trouvent pas assez de travail chez nous, ils iront ailleurs! Pas de danseurs, pas de compagnie!» note M. Dancyger.

Que font alors les GBCM pour trouver les 250 000 $ qui viendraient équilibrer un budget de tournée qui oscille, bon an, mal an, entre 700 000 $ et 1,5 million? Pas question pour Alain Dancyger de demander aux diffuseurs hôtes d'assumer plus de frais. Difficile de demander des cachets plus élevés, sans risquer de ne plus être concurrentiels avec les Ballets de Monte-Carlo ou le Nederlands Dans Theater de ce monde. Pour cette fois, M. Dancyger s'est envolé in extremis pour l'Égypte. «Je suis revenu avec 50 000 $ en poche, obtenus auprès de compagnies égyptiennes! Mais je dois avouer que j'étais mal à l'aise de représenter une grande institution canadienne, qui n'est plus soutenue par son propre pays», avoue le directeur général.

Récession oblige

Plusieurs compagnies de danse américaines sabrent leur budget. En outre, le Nevada Ballet Theatre (Las Vegas) vient de licencier neuf de ses 31 danseurs et les 86 danseurs du vénérable American Ballet Theater (NY) ont accepté que leur employeur cesse, pour cette année du moins, de contribuer à leur fonds de pension et à leur paie de vacances.

Joyeux anniversaire, Dominique!

La compagnie Système D de la chorégraphe Dominique Porte fête ses 10 ans. Pour l'occasion, la compagnie reprend deux créations de son répertoire, soit Un homme et une femme et Plus seule qu'en solo. Info: www.dominiqueporte.com.

À l'agenda

Si! Va! de Tammy Forsythe, le 19 mars, à l'Espace Tangente.

Cibler
de Danse K par K, du 18 au 21 mars, à l'Agora de la danse.

Un homme et une femme de Dominique Porte et Alain Francoeur, le 19 mars, à la maison de la culture Frontenac.