Tout novo, tout beau. Le Cirque du Soleil a pondu un nouveau spectacle de tournée, son 25e en 25 ans, avec de nouveaux concepteurs et de nouvelles idées. Ovo, oeuf en portugais et en latin, permet à la troupe québécoise de repartir en neuf en cette année de célébrations.

Comme le révélait La Presse en décembre dernier, le spectacle plonge dans le monde des insectes. Il ne raconte pas autant une histoire, a expliqué le guide artistique de cette nouvelle aventure, Gilles Ste-Croix, qu'il appartient au genre des créations thématiques du Cirque, comme Saltimbanco et Alegria.«C'est un spectacle assez étrange, beaucoup basé sur le mouvement. Pour ce faire, après les Robert Lepage et Dominic Champagne, nous avons fait appel à une grande chorégraphe, Deborah Colker», a expliqué hier en conférence de presse, ce collaborateur de la première heure de Guy Laliberté.

«Cette création arrive au moment où l'environnement est une préoccupation comme jamais cela n'a été le cas dans le passé, estime, quant à lui, le président du Cirque, Daniel Lamarre. Mais on le traite d'une façon ludique. Les gens vont s'amuser. C'est important dans une période difficile.»

Humour, mouvement et énergie. C'est le leitmotiv de l'auteure et metteure en scène brésilienne, Deborah Colker. La chorégraphe de Rio a collaboré avec la directrice de création de Love, Chantal Tremblay, mais aussi avec sa famille habituelle, composée notamment du scénographe, Gringo Cardia, et du compositeur Berna Ceppas, tous de nouveaux venus au Cirque.

Créatrice très athlétique, ancienne sportive de compétition d'ailleurs, Mme Colker a tout de suite trouvé un lien organique à explorer entre les acrobates, jongleurs, équilibristes et contorsionnistes, et les insectes.

«Ils peuvent voler, sauter, ramper, manger, faire l'amour, s'amuser. Et ça nous a permis de travailler sur les contrastes, rapide-lent, grand-petit, violence-douceur, sérieux-humour. Tout dépend du point de vue et de qui on est», raconte la dynamique artiste brésilienne.

Biodiversité

Deborah Colker est la première femme à mettre en scène un spectacle du Cirque du Soleil. Elle a travaillé depuis deux ans à cette création qui comptera 53 artistes de 13 pays différents. Cette «biodiversité» est au diapason d'une thématique, chère à Guy Laliberté et à sa fondation écologiste One Drop, qui fouille un monde d'une richesse incommensurable.

«Depuis que je suis enfant, je suis fasciné par les insectes, indique le scénographe Gringo Cardia. Je voulais permettre au spectateur de se retrouver au coeur de cet univers avec sa beauté et ses mystères.»

Un oeuf viendra troubler la quiétude de ces créatures minuscules et insolites, dont une coccinelle qui tombe amoureuse d'une mouche, des fourmis jouant avec des kiwis, et une araignée sensuelle qui s'esquive.

Parmi les acrobaties, Ovo offrira un numéro où six voltigeurs-insectes s'élèveront à près de 14 mètres dans les airs. Le numéro final inclut une vingtaine d'artistes qui s'adonneront à de la danse verticale, des rebonds et des plongeons de huit mètres.

Avant-goût

Les médias ont eu droit à des extraits d'Ovo hier. Il ne s'agissait pas des moments les plus spectaculaires du spectacle, expliquait-on en coulisse, mais les artistes ont présenté des numéros d'antipodisme, équilibre sur corde et acrobaties démontrant un élargissement certain de la palette de la troupe québécoise.

Les costumes d'insectes sont spectaculaires, tandis que la scénographie, évoquant une nature mystérieuse, et la musique, bossa nova, samba, forro, représentent des ajouts importants au répertoire déjà large du Cirque du Soleil.

Les avant-premières publiques d'Ovo se déroulent du 23 avril au 7 mai sous le grand chapiteau dans le Vieux-Port de Montréal. La première mondiale sera présentée le 8 mai. Le spectacle se rendra ensuite à Québec et à Toronto.