Les préparatifs

La nouvelle tournée de Salebarbes a démarré à Amos il y a une dizaine de jours, première étape d’une virée abitibienne de cinq spectacles en cinq soirs qui a mené ensuite le groupe à Val-d’Or, La Sarre, Rouyn et Ville-Marie. En ce mardi après-midi frais et pluvieux, on rejoint les musiciens au très beau Théâtre des Eskers, au début d’un test de son qui durera plus d’une heure et demie. Une intro à modifier, une harmonie à préciser, un micro à tester : les cinq musiciens revoient tout ce qui a accroché lors de la générale qui a eu lieu devant public le vendredi précédent, à L’Assomption.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Le premier test de son de la tournée

Pendant que le groupe travaille, le programmateur de la salle de 650 places, Mathieu Larochelle, nous explique qu’il arrive souvent que des artistes inaugurent leur tournée de régions à Amos, où l’équipe est particulièrement bien rodée.

Les communiqués parlent toujours de la rentrée montréalaise, mais jamais de la rentrée amossoise !

Mathieu Larochelle, chef de division du Théâtre des Eskers

Le spectacle de Salebarbes est le premier de la saison de cette salle multifonctionnelle. « Avec eux, on sait qu’on ne prend pas de risques. La salle est pleine ce soir. » C’est vrai que Salebarbes est devenu une valeur sûre en quelques années. À preuve, les cinq nominations récoltées à l’ADISQ pour leur précédent album Gin à l’eau salée, dont Spectacle de l’année et Groupe ou duo de l’année.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Le groupe se prépare avec minutie.

Très concentrés, les cinq Salebarbes travaillent intensément, mais dans la bonne humeur. « Ils ont l’air sérieux, mais ils ont du fun ! », nous confirme leur gérante, Janik V. Dufour. « À cause de la distance, on ne se voit pas souvent », explique Kevin McIntyre, qui vit à Moncton, tout comme le violoniste George Belliveau. « On pratique juste pendant les soundchecks et les shows, alors quand on se voit, on travaille fort ! » Le bassiste, qui est aussi réalisateur, profite même de ce périple abitibien pour finir, dans ses temps libres, le montage du prochain clip du groupe, qui a été tourné il y a quelques semaines à Caraquet.

L’équipe

Le groupe se retrouve dans les loges pour souper. Ce soir, on a commandé des sushis – ils vont très peu au restaurant, et sortent rarement après les spectacles, question de garder la forme. « On donne un show high energy d’une heure et demie dans le tapis. Je ne connais pas beaucoup de musiciens de 30 ans qui suivraient la cadence ! », souligne l’ex-Okoumé devenu batteur (et toujours chanteur) Jonathan Painchaud. « Mais c’est beaucoup une question d’orgueil, lance Jean-François Breau en rigolant. Je ne veux pas être le moins vite ! »

  • Le directeur technique et sonorisateur Jean-Pascal Comeau, l’éclairagiste Donald Leblanc, Jonathan Painchaud, George Belliveau, Éloi Painchaud, Kevin McIntyre, Jean-François Breau et le responsable des équipements et de la sonorisation des moniteurs Philippe-Adam Daigle : toute l’équipe est prête pour le spectacle.

    PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

    Le directeur technique et sonorisateur Jean-Pascal Comeau, l’éclairagiste Donald Leblanc, Jonathan Painchaud, George Belliveau, Éloi Painchaud, Kevin McIntyre, Jean-François Breau et le responsable des équipements et de la sonorisation des moniteurs Philippe-Adam Daigle : toute l’équipe est prête pour le spectacle.

  • « Les premières années, j’ai été engagé pour des petites tâches. Là, je gère 15 guitares et basses et 5 violons ! », explique le responsable des équipements, Philippe-Adam Daigle.

    PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

    « Les premières années, j’ai été engagé pour des petites tâches. Là, je gère 15 guitares et basses et 5 violons ! », explique le responsable des équipements, Philippe-Adam Daigle.

  • Les harmonicas d’Éloi

    PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

    Les harmonicas d’Éloi

1/3
  •  
  •  
  •  

Trois personnes accompagnent le groupe, ce qui est pas mal différent des premières tournées organisées « au pic et à la pelle », se rappelle Jean-François pendant le souper. « Juste en parler, je suis fatigué ! » En cinq ans, ils ont tout vécu : traîner leur équipement dans leur voiture, le tirer dans une remorque, avoir un bus de tournée. Maintenant ils ont un camion pour transporter leur matériel, mais ne peuvent pas voyager ensemble à cause des impératifs familiaux et géographiques.

Les habits

Après avoir mangé, puis analysé et modifié l’ordre des chansons du spectacle, ils vont mettre leurs costumes en chantant et en jasant – en fait, on se demande s’ils arrêtent parfois de parler. Le look est devenu partie intégrante de Salebarbes, une signature.

  • Jonathan Painchaud

    PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

    Jonathan Painchaud

  • Les bottes, partie intégrante du look

    PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

    Les bottes, partie intégrante du look

  • Jean-François Breau

    PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

    Jean-François Breau

  • George Belliveau

    PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

    George Belliveau

1/4
  •  
  •  
  •  
  •  

« Quand ça a commencé, c’était : tu mets tes plus beaux habits parce que le monde a payé ses billets », raconte Kevin.

C’est une soirée habillée. C’est peut-être superficiel, mais il y a de quoi de beau là-dedans.

Kevin McIntyre

C’est devenu en tout cas tellement important que tant qu’ils ne sont pas « habillés, peignés, parfumés », Jonathan se sent comme s’il était « dans un band de covers de Salebarbes » ! « On joue tous un personnage sur scène, et quand tu t’habilles, ça ajoute au personnage », estime George Belliveau.

Le spectacle

« C’est le début d’une grande aventure qui va durer un an et demi, deux ans, et ça commence ce soir ! », lance Jean-François Breau au public en début de spectacle. Il y a de la nervosité dans l’air, des petites erreurs par-ci, par-là, des oublis de paroles – « Vous êtes indulgents, Amos ! » Il y a surtout le plaisir contagieux de la musique cajun, country et rockabilly qui forme le répertoire du groupe, de ses harmonies fabuleuses et de son énergie intarissable. Le public est souriant et attentif, mais tranquille : le groupe met quand même toute la gomme et le spectacle se termine avec toute la salle debout.

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Jean-François Breau, Jonathan Painchaud et Éloi Painchaud

« Ce qu’on veut créer, c’est un spectacle-évènement, confirme Éloi Painchaud. Que le monde se dise : “C’est jusqu’où ils vont aller ?” Il y a un côté extrême dans notre performance, et jamais on ne va baisser le niveau. » « Un mardi soir, c’est sûr que la salle est plus dure à gagner, confirme Kevin. Mais Éloi, là, il ne va pas baisser les bras. Des soirs, je pensais qu’il allait se casser les côtes tellement il soufflait dans son harmonica ! »

Les cinq musiciens ne s’en cachent pas, ils sont soulagés que la glace soit brisée. Mais en sortant de scène, le groupe ne perd pas deux secondes et analyse tout le spectacle pour voir ce qui a plus ou moins fonctionné. Ensuite, direction Val-d’Or pour le dodo, 50 bonnes minutes de route sous la pluie qui n’a pas cessé. C’est aussi là qu’ils joueront le lendemain.