Ça ne s'invente pas: le jeune groupe hard rock Sens connaît actuellement un chouette petit succès avec sa chanson Ma tempête - la vidéo tourne pas mal à MusiquePlus et sur les radios «rock» - et c'est une vraie de vraie tempête de neige qui est tombée sur les musiciens et leurs fans lors de la «première montréalaise» de la formation québécoise, mercredi, au théâtre National!

Pour leur premier spectacle officiel dans la métropole (le groupe s'est produit en première partie de Marie-Mai au Centre Bell, il y a quelques semaines), les quatre gars et leur équipe n'avaient ménagé ni efforts ni dépenses: gros éclairages, gros son, gros fond de scène et de la boucane. Sans le soutien de grosse (ni petite) compagnie de disques, ils ont trouvé du financement et remettaient donc des prix de présence (c'est un gars qui a gagné le bon d'achat au magasin Le Château et une fille qui a remporté le casque d'écoute sans fil Sennhausen!).

 

Tous ces efforts ont bien failli rencontrer moins d'oreilles et de yeux que prévu, en raison des centimètres de neige: le groupe connaît un bon succès en dehors du centre-ville, et ce n'était pas évident, partir du nord de Montréal pour se rendre rue Sainte-Catherine, mercredi soir. Mais finalement, plus de 200 personnes ont bravé la tempête (et payé leur billet) pour apprécier les débuts de Sens, dont le premier album Tout un monde a été lancé en mai dernier.

On l'a dit, on le redit: ils sont prometteurs, les gars de Sens, ils ont des atouts, notamment des textes pas cons et des musiques efficaces. En spectacle, ce qui frappait, c'était à quel point leurs harmonies vocales à trois (Tommy le chanteur, P.-A. le bassiste et Chris le batteur) ajoutent à leur son, appuyées par la guitare d'Aless, qui se démène bien sûr les cordes, sans trop de «sparages» ni de simagrées chères aux guitaristes.

Le spectacle a démarré sur les chapeaux de roues, avec le bruit de sirènes pour Des crimes, des meurtres, un bon solo de guitare pour Mon âme, de belles harmonies vocales dans le refrain efficace de Je peux comprendre... Cette «drive», les gars l'ont eue jusqu'à la moitié du spectacle, même si Tommy éprouvait manifestement des problèmes avec son moniteur-oreillette et que la justesse des voix s'en ressentait parfois. Mais ce n'est pas beaucoup, un seul album, pour tout un show sans première partie.

Quand le groupe a entonné Mes blues passent pu dans porte d'Offenbach, à mi-parcours, ça allait encore. Quand ils ont interprété Pride and Joy de Stevie Ray Vaughan, ça passait. Mais l'énergie du début était retombée, malgré un solo de batterie de Chris pas banal (avec deux baguettes, une baguette et une main, deux mains, re-deux baguettes...). Et comme ils se sont compliqué la vie un brin pour interpréter leur succès Ma tempête en version acoustique pour ensuite «switcher» à la version plus électrique, ils n'ont pas reçu l'accueil qu'ils auraient pu obtenir pour cette bonne chanson où un gars en perdition espère que ses «chums» vont continuer à l'aider.

Le pot-pourri de succès radio (de Michael Jackson à Madonna) et la reprise d'Enter Sandman de Metallica n'ont pas été plus convaincants - et la voix seule de Tommy ne suffit pas à retenir l'attention, à distinguer le groupe de tous les bons groupes de reprises. Quand Sens est revenu à son propre répertoire, ça s'est amélioré, et tant Perdue, Hey Baby, que Si je dors en rappel ont plu.

En résumé? Un premier contact intéressant avec Montréal, et un groupe qui a du potentiel. Mais il lui faudra travailler encore beaucoup, raffermir ses forces et surtout éviter de casser autant le rythme (pas nécessaire, aller se changer en coulisse quand tu fais un show de 90 minutes) sur scène pour devenir le groupe de hard rock francophone que le Québec se cherche toujours.