Son histoire est racontée en toute sincérité et simplicité. Elle nous captive, nous absorbe, avec son corps imposant et encore gracieux qui fait son âge. Vanessa Van Durme a 60 ans et derrière elle un destin unique et difficile. Celui d'une femme qui est née avec le mauvais genre.

Rien d'exhibitionniste ou de flamboyant, dans la performance de cette actrice majeure et magnétique, qui se présente sur la scène de La Chapelle en nuisette de satin. Sa naissance et la joie de son père d'avoir eu un fils. Une enfance à vouloir danser en robe et à refuser les costumes de pirate. Cette «chose» de trop entre les jambes. Le choix de devenir acteur, même si en fait c'est actrice qu'elle voulait devenir. La prostitution qui vient avec la négation de soi-même.

 

Le tournant dans sa vie, le changement de sexe dans les années 70, est détaillé avec humour et franchise. De son atterrissage à Casablanca, à son premier face-à-face avec le «Ground Zéro» ensanglanté, Van Durme replonge dans son passé et en elle-même. Suivront ses premières expériences intimes comme femme, l'amour de ses parents qui triomphent du jugement des voisins, cette deuxième vie où elle peut enfin exister en accord avec elle-même.

On la suit sans jamais la quitter des yeux, ni des oreilles. Parce qu'elle sait raconter et qu'une vie vécue avec tant de souffrance et de courage mérite toute notre attention et notre respect.

Regarde maman, je danse. Texte et interprétation de Vanessa Van Durme, jusqu'au 6 décembre au Théâtre La Chapelle.

Jam Pack: l'île désenchantée

J'aurais voulu aimer Jam Pack. Pour Marcelle Dubois, une jeune auteure qui a quelque chose à dire sur son époque, sur son milieu, sur notre société. Parce que le propos - un duo fraternel et fusionnel en rupture avec le monde - charmait par sa référence ducharmienne. Et pour ses acteurs aussi, Marie-Ève Pelletier et Félix Beaulieu-Duchesneau, qui s'engagent énergiquement pour rendre l'univers de Dubois.

L'esprit très «émission pour enfants des années 90» n'est pas une mauvaise idée. Jam Pack (Beaulieu-Duchesneau) est un scientifique un peu fou, qui se consacre à l'étude de ses propres molécules. Lucide Luciole Petite Lucie (Pelletier) est sa soeurette admirative et dévouée, qui alimente la tirelire en séduisant les hommes du village.

Du plafond, sont suspendus d'immenses ossements (les côtes de la baleine de Jonas?), qui transmettent bien l'enfermement de deux utopistes épris de liberté absolue. C'est malheureux, mais le courant ne passe pas. Trop de mots, peut-être, qui emberlificotent le récit dans de malhabiles métaphores. L'exaltation des personnages, parfois, prend des détours heureux qui traduisent la peur et la soif de vivre de ces jumeaux aux antipodes. Mais la plupart du temps, leurs envolées vont dans tous les sens, sans jamais s'accrocher à une ligne directrice. Alors on s'égare dans le brouillard de ce Jam Pack qui confond plus qu'il n'étonne.

Jam Pack. Texte et mise en scène de Marcelle Dubois, jusqu'au 13 décembre à la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d'Aujourd'hui.