Efficace. Ingénieux. Captivant. Avec The Sound of Silence du Nouveau théâtre de Riga, le festival TransAmériques a pris son envol mercredi soir sur vent aérien et nostalgique.

Pendant 3 h 15, une quinzaine d'acteurs en habits typiquement «sixties» transforment la scène de l'Usine C en tableau vivant des années Peace and Love. Pas un mot, à part bien sûr les paroles des chansons de Simon and Garfunkel qui enveloppent ce ballet théâtral nourri par l'esprit du Flower Power.

Comme si on avait accès à un coffre aux trésors rempli de vieux films de famille narrés par Simon and Garfunkel, on pénètre comme des voyeurs dans ce vidéoclip vivant et rétro. Surtout, en perçoit une grande tendresse dans la vision de cette époque exceptionnelle, que dépeint Alvis Hermanis, directeur du théâtre.

Les minijupes. Les expériences sexuelles. Celles avec les drogues. Les looks psychédéliques. La liberté désinvolte d'une jeunesse pour qui tout devenait possible.

À travers une suite de scènes chorégraphiées avec un joli souci du détail, The Sound of Silence visite les utopies, les rêves, la douce folie et l'incroyable vent de changement qui, le temps d'une décennie, a transformé le monde.

Surtout dans la première partie du spectacle - l'exercice est plus relâché dans la seconde -, Alvis Hermanis offre une mise en scène rigoureuse faite d'une foule de trouvailles amusantes, originales et évocatrices. Une jeune fille à la coiffure montée, qui saute sur un lit sur l'air de Mrs. Robinson. Un mec qui séduit sa proie avec l'antenne d'une radio. Des filles yéyé enceintes qui font de la mousse en soufflant dans des bocaux remplis d'eau savonneuse.

The Sound of Silence parle aussi d'une Lettonie où des musiques comme celle de Simon and Garfunkel entraient par la contrebande. Hermanis rend efficacement ce sentiment de transgression des règles, d'une liberté d'être qui s'exprime à l'intérieur d'un appartement aux murs jaunis, pendant que de jeunes espiègles jouent à la bouteille...

Un spectacle évocateur, triste, nostalgique, une expérience esthétique unique livrée par un artiste inspiré par Chaplin et Brecht. Un beau début pour ce FTA.

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The Sound of Silence, aujourd'hui, à 19 h, et demain, à 15 h, à l'Usine C.