Dans le cadre du FTA, le Théâtre de la Pire Espèce dévoile Gestes impies, une création qui s'interroge sur les impacts sur la cohésion sociale du manque de rituels et de la dimension sacrée. Francis Monty met en scène cette pièce coécrite avec Marc Mauduit et Mathieu Gosselin. À quelques jours de la première à Espace Libre, Monty et Mauduit s'entretiennent avec La Presse, pour parler de cette «cérémonie baroque en plusieurs tableaux».

«On se demandait ce qui reste des rituels dans nos vies, sur ce que provoque le peu d'espace qui reste pour le sacré. C'était le point de départ pour la création de cette pièce», évoque Marc Mauduit qui, tout comme Mathieu Monty, fait aussi partie de la distribution de Gestes impies.

Un «cabaret de l'étrange», promettent les gars de la Pire Espèce, qui ont créé un spectacle avec peu de paroles, qui interpelle le public. Une rencontre entre le théâtre d'ombres, le jeu clownesque et la danse. Une recherche sur la perte des rituels, où la mission sera de trouver le cas parfait pour faire un sacrifice.

«On donne aux spectateurs un rôle qui n'est pas le leur. On présume que les gens dans la salle sont des nantis, une espèce d'élite qui peut se permettre de perdre son temps pour se rendre au théâtre et se payer un certain voyeurisme. Mon rôle est d'intervenir tout au long du cabaret et donner des directives aux personnages qui se livrent au micro. Par le biais de confessions, on en apprend plus sur les personnages...» dit Marc Mauduit.

Par quatre chemins

«On est beaucoup plus dans l'image, il y a très peu de texte. On est partis de la matière et ce spectacle reflète vraiment notre processus de création», ajoute Mauduit.

Pour les bricoleurs créateurs de la Pire Espèce, la naissance d'une nouvelle pièce passe par l'exploration d'objets. «On apporte plein de choses dans la salle de répétition. On s'en empare, on essaie de faire quelque chose et on en jette les trois quarts. Avec ce qui reste, on fait du collage», résume Francis Monty.

Le théâtre d'objets, poursuit-il, met l'acteur dans une position où il est dépassé par l'objet. «Plus tu te rapproches de ce que l'objet te donne comme possibilités scéniques, plus ça fonctionne.»

Le public du Festival TransAmériques, poursuit-il, est un auditoire idéal pour «tester» cette création qui se situe dans un tout autre registre qu'Ubu ou Léon le nul, qui ont fait voyager la Pire Espèce aux quatre coins du monde. «On ne met pas tout, tout cuit, dans la bouche du spectateur. On lui demande une ouverture d'esprit», mentionne Marc Mauduit.

La directrice du FTA, Marie-Hélène Falcon, a suivi les étapes de création de Gestes impies, qui a séjourné au Théâtre de la ville, à Caraquet et au Théâtre des Deux mondes, à Montréal, avant de prendre sa forme actuelle.

«Il n'y a pas un seul chemin pour lire ce spectacle. On met des choses en place, on dispose toutes sortes de choses, et ce sera au spectateur de faire son propre chemin pour savoir comment interpréter le sens», avance Marc Mauduit.

Face à la perdition, il y aura l'impie.

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Gestes impies, mise en scène de Francis Monty, à Espace Libre du 3 au 6 juin, dans le cadre du Festival TransAmériques.