Le Syndicat des communications de Radio-Canada rend le gouvernement Harper responsable des compressions que doit faire la direction de la société d'État, tant dans son personnel que dans ses dépenses.

«On trouve ça dommage que la Société Radio-Canada doive annoncer ces choses-là, mais on pense que d'abord et avant tout, c'est le gouvernement conservateur qu'on pointe du doigt le premier, parce que ce sont eux qui, depuis des années et des années, continuent d'étrangler la société Radio-Canada, continuent de tenter de réduire le diffuseur public le plus possible», a lancé mercredi le président de ce syndicat, Alex Levasseur, au cours d'une rencontre avec la presse, dans les locaux de la CSN à laquelle le syndicat est affilié.

Pour le service français de Radio-Canada, ce seront 335 postes qui devront être abolis.

Plus précisément, pour le service français de Radio-Canada, les compressions annoncées signifient 18 millions $ en moins pour la télévision générale, soit 14 postes perdus. Pour la radio en français, ce sont 3,2 millions $ qui seront supprimés et 33 personnes touchées.

À la télévision française, cela signifiera moins de dramatiques, moins d'heures d'émissions jeunesse et davantage d'émissions en rediffusion, note M. Levasseur, qui rapporte ce que la direction de Radio-Canada a dit aux syndiqués. «Ce qu'on a cru comprendre, c'est qu'il n'y aura pas d'émission d'affaires publiques ni de salles de nouvelles fermées, mais il y aura certainement des réductions d'équipes ou des modifications dans la manière de produire», rapporte-t-il.

Pour l'information en français, ce seront 12 millions $ qui seront supprimés, soit 85 postes.

Pour internet et les services numériques en français, ce sera 740 000 $ qui devra être coupé, touchant ainsi huit ou neuf postes.

Aux services techniques en français, 6,7 millions $ devront être supprimés, soit l'équivalent de 90 postes.

Les 800 postes abolis au Canada le seront sur un total de 9900 employés.

M. Levasseur ne semble pas croire que la direction pourra convaincre bien des employés âgés de quitter avec le programme d'incitation à la retraite qui sera offert, celui-ci n'étant, selon lui, pas très généreux.

Et bien qu'il blâme l'actuel gouvernement conservateur de Stephen Harper, il ne se montre guère plus tendre à l'endroit de l'opposition libérale. «On n'a pas vu à date, du côté du Parti libéral, de signe comme quoi il voulait aider Radio-Canada. Par le passé, lorsque le Parti libéral fédéral était au pouvoir, ça n'a pas empêché le processus sous lequel on est, qui a commencé sous les conservateurs dans les années 1980, qui s'est poursuivi avec les libéraux dans les années 1990 et qui continue de plus belle dans les années 2000, avec les conservateurs à nouveau. Les conservateurs sont minoritaires cette fois-ci; alors on s'étonne un peu qu'il n'y ait pas plus de voix que ça qui s'élèvent pour appuyer le diffuseur national public», a critiqué M. Levasseur.

Le président du syndicat se réjouit tout de même du fait que la direction de Radio-Canada ait choisi de ne pas fermer des stations régionales. «Très souvent en région, côté information, il n'y a pas grand-chose. On est souvent la seule salle des nouvelles à bien des endroits», a-t-il rappelé.

Le Syndicat des communications de Radio-Canada représente 1600 membres au Québec et à Moncton, au Nouveau-Brunswick.

Des employés de Radio-Canada au Québec sont membres d'autres syndicats.