La société américaine, ses institutions politiques, militaires, religieuses, ses systèmes de santé et d'éducation... tout cela et plus sert de source d'inspiration aux auteurs de plusieurs séries télévisées, qui les abordent de front ou par la bande. En voici quelques exemples.

Law and Order(depuis 1990)

«Dans le système pénal américain, le ministère public est présenté par deux groupes distincts, mais d'égale importance: la police, qui enquête sur les crimes; et le procureur, qui poursuit les criminels. Voici leurs histoires.» Cet énoncé précède chaque épisode de Law and Order, la série créée par Dick Wolf qui possède aujourd'hui trois spin-off: Special Victims Unit, Criminal Intent et Trial by Jury. Une série dont les auteurs - Rene Balcer compte parmi les principaux - font preuve d'un flair incroyable: il y a été question du Patriot Act bien avant la lettre; de fraude électorale un an avant l'élection de George W. Bush, etc.

 

The Wire

(2002-2008)

Se déclinant en cinq saisons, chacune supérieure à la précédente, The Wire, créée par David Simon (un ancien journaliste du Baltimore Sun), est l'une des meilleures, sinon la meilleure, des séries américaines. Sous des dehors quasi documentaires, mettant en scène des personnages tout sauf manichéens, portés par la langue de la rue et des acteurs ayant la gueule de l'emploi, les 60 épisodes nous entraînent dans les rues de Baltimore où le rêve américain est devenu cauchemar. Forces policières, médias, crime (dés)organisé, système d'éducation, institutions politiques: on explore, on décortique, on critique.

 

Boston Legal

(2004-2008)

Créée par David E. Kelley, Boston Legal est probablement la série télévisée qui a le plus critiqué l'administration Bush. D'abord, par l'intermédiaire des causes plaidées par les avocats de la firme. Ensuite, par les échanges entre le démocrate Alan Shore et le républicain Denny Crane. L'avortement, les forces armées, le système de santé, tout a été abordé. On a même terminé l'épisode diffusé la veille des élections présidentielles par cet échange entre Crane et Shore: «On se réveillera peut-être demain avec un nouveau président.» «Et, peut-être, une nouvelle Amérique.»

 

The West Wing

(1999-2006)

La série à voir pour comprendre les coulisses de la Maison-Blanche, c'est The West Wing. Créée par Aaron Sorkin, la série a profité du savoir de conseillers qui ont oeuvré auprès de présidents américains... et ça se sent. Même si, comme le dit Rene Balcer, «c'est plus un panégyrique de Bill Clinton qu'une critique de George W. Bush». On se promène dans le Bureau ovale, dans la pièce où se réunit le Conseil national de sécurité, dans la salle de presse. Et, au fil de sept saisons (dont les deux premières et la dernière sont les meilleures), on découvre les limites du pouvoir de «l'homme le plus puissant du monde».

 

Breaking Bad

(depuis 2008)

Walter H. White est prof de chimie dans une école. Sa femme est enceinte et leur fils aîné, atteint de paralysie cérébrale. Tout cela pèse lourd sur son salaire modeste. Mais il ne lâcherait pas, Walter, si le destin ne lui jouait pas un mauvais tour. Il est atteint du cancer. N'a même pas les moyens de se faire soigner. Breaking Bad l'attrape là. Quand, faisant un pied de nez à une société qui l'ignore, il décide de se débrouiller seul. Il est prof de chimie? Il va mettre son savoir à profit. Et fabriquer du crack. C'est tordu. Mais ça en dit tellement long sur un certain système!

 

True Blood

(depuis 2008)

Pas besoin d'être fan des vampires façon Dracula, Twilight ou Buffy pour apprécier True Blood, la nouvelle série d'Alan Ball (Six Feet Under). Ce n'est pas un hasard si, pour parler de la présence avouée des vampires parmi les humains - maintenant qu'une entreprise a mis au point un sang synthétique satisfaisant leur appétit -, on utilise ici l'expression « sortir du cercueil ». Parce qu'au-delà de l'histoire d'amour entre une humaine et un vampire, True Blood, quand il y est question de droits des vampires et de législations diverses, dénonce en fait l'homophobie - et le racisme.

 

That's My Bush!

(avril à mai 2001)

Avant les élections de 2000, les irrévérencieux créateurs de South Park, Trey Parker et Matt Stone, avaient décidé de développer une satire politique qui mettrait en scène le nouveau président. Peu importe qui remporterait les élections. George W. Bush est ainsi devenu la vedette de That's My Bush ! sous les traits de Timothy Bottoms. Il a été question de peine de mort, d'avortement, de droit au port d'armes... mais le tout a pris fin après huit épisodes. Malgré des critiques positives, le public n'a pas suivi. Quant au projet de film, il a été enterré à la suite des attentats du 11 septembre 2001.

 

Battlestar Galactica

(2004-2009)

On ne rit pas! Librement inspirée de la série diffusée à la fin des années 70 et grandement améliorée, Battlestar Galactica est bien plus qu'une série de science-fiction parmi d'autres - du moins, dans ses trois premières saisons (on essaie d'oublier la désastreuse conclusion). Elle a livré une réflexion universelle sur la cohabitation souvent difficile des pouvoirs politique, militaire et religieux ; de même qu'une mise en garde pas trop gnangnan sur les dangers que peut - pourrait - présenter la technologie lorsqu'elle est entre des mains irresponsables ou trop sûres d'elles.