Peu importe les aléas de l'économie, l'indice de la connerie est toujours stable. L'année 2009, comme les précédentes, n'aura pas été avare de scandales et de bévues; du bonbon pour toutes les émissions spéciales et autres bilans de fin d'année. Survol de la soirée télé québécoise du 31 décembre, où le seul grand absent aura été le Bye Bye.

Le Bye Bye 2008 ayant causé le scandale que l'on sait, la pièce de résistance de la dernière soirée télé de 2009 était sans contredit Tout le monde en parle, dont la formule spéciale du jour de l'An avait été fort appréciée l'an dernier.

D'ailleurs, le scandale du Bye Bye a été l'un des premiers sujets chauds de l'émission, qui recevait, après une première délégation d'humoristes à succès (Houde, Sauvé, Dicaire, Anctil), un petit contingent de personnalités qui ne l'ont pas eu facile en 2009. Louis et Véro, les derniers concepteurs du Bye Bye, en faisaient partie. Ils estiment que leur principale erreur aura été d'avoir fait un sketch sur Nathalie Simard. «Pour nous, c'était une façon de s'affranchir de cette histoire, de prendre une distance» a expliqué Louis Morissette. «Au lieu de faire un sketch, on aurait dû aller chez le psychologue» a lancé Véronique Cloutier, qui sait toujours comment retomber sur ses pattes. Un an plus tard, on peut dire qu'on a épuisé le sujet, qui a fini par devenir un running-gag.

La plupart des invités étant des habitués de TLMEP, parfois même des chouchous qui n'avaient pas grand-chose de nouveau à nous dire, ce sont d'autres figures qui ont retenu l'attention. Notamment ces victimes qui refusent de l'être, Claude Robinson (contre Cinar), Ginny Nelles et Danielle Manouvrier (contre Earl Jones) ou Bobby Nadeau (qui a refusé de se battre avec Jonathan Roy). Tous des gens dont les déboires ont défrayé la chronique. Dans ce lot, l'avocate de «Lola», Anne-France Goldwater, avait peine à défendre la cause des conjointes de fait, en raison de l'étrange casting de son procès mettant en vedettes des millionnaires. Habitué au combat, Robinson, «l'étoile du match» de TLMEP comme le dirait mon collègue Richard Therrien, s'est même porté à la défense des clientes flouées de Earl Jones, en attaquant la pub de L'Autorité des marchés financiers (AMF), qui demande au public d'être vigilant. «Ce n'est pas aux citoyens à investiguer, c'est à l'AMF», a-t-il tonné. Et, aux côtés de Mme. Goldwater, il ne s'est pas gêné pour raconter sa recette de guacamole : des heures d'avocats pulvérisés...

Il y avait vraiment une grosse foule sur le plateau de Guy A. Lepage - jusqu'aux équipes des Alouettes et de l'Impac! - et le champagne aidant, les répliques fusaient de toutes parts plus on approchait de la fin. Pas évident de gérer tout ça, entre autres avec Louis-José Houde, toujours cabotin. Impossible de résumer une émission de 2h30, qui rassemblait des invités aussi divers, allant d'Éric Lapointe à Xavier Dolan, en passant par le maire Labeaume, Mario Dumont, jusqu'à Michel Louvain.

Pour le dessert, nous avons eu la bande de RBO qui, se sentant un peu coupable d'avoir décliné l'invitation du Bye Bye, n'a pas résisté à l'envie d'inclure des sketchs de son cru dans la spéciale de TLMEP. La guerre des «glands», Sylvain Cossette, Guy Laliberté, le maire Labeaume et «Rotband» Beatles ont été leurs cibles. Un avant-goût de l'an prochain? Ça s'est terminé en chanson, quand tout le plateau a chanté en coeur Le feu sauvage de l'amour pour entrer en 2010.

 

Fin du monde en lipdub

Mais la soirée avait commencé avec Et Dieu créa Laflaque, dont l'équipe, particulièrement inspirée cette année, a créé un concept autour de cette étrange mode de la fin du monde telle qu'illustrée dans des films comme 2012. De tous les spéciaux de Noël de Laflaque, celui-là était le plus réussi, puisque l'imminence de la fin a fait sortir le pire des personnages de l'émission - si cela peut être possible d'empirer les personnages caricaturés de Chapleau!

Eh oui, Gérard, encouragé par sa femme, animait une dernière émission avant la catastrophe. Une meilleure idée que celle de Pauline Marois qui y voyait une autre occasion de tenir un référendum, ou celle de Jean Charest qui a spontanément pensé envoyer des clowns pour remonter le moral des Québécois.

Devant la menace, on a contacté le vaisseau L'entrecrise de Stade Trek (vrai que le Stade a toujours eu un petit air de parenté avec L'Enterprise de Star Trek), piloté par Paul Martin, Jacques Parizeau, Mario Dumont et André Boisclair (en Dr. Spock). Ils avaient comme mission d'embarquer un maximum de gens pour la survie de l'Humanité - Claude Dubois a encore voulu passer en premier.

Parlant de Claude Dubois, c'est lui qui ouvert la spéciale d'Infoman, voulant souhaiter la bonne année au public, avant tout le monde, évidemment. La revue d'Infoman, qui n'a pas besoin de parodie tant la réalité dépasse la fiction, demeure un must. Que nous réservait-il cette fois en surplus? Un lipdub en ouverture - le phénomène increvable du web. Et des entrevues avec, encore une fois, le toujours bon joueur Jean Charest, qui s'est confié sur sa visite chez Sarkozy; le petit Edgar, première victime connue de la H1N1 (il avoue avoir embrassé un cochon!); Jacques Demers dans son bureau de sénateur; le journaliste qui a lancé sa chaussure sur Bush; Gérald Tremblay, Éric Caire, Monique Jérôme-Forget... On a eu une petite pensée pour Stéphane Dion, la tête de Turc préférée de Jean-René, qui a conclu son émission en lançant chez Tiger Woods les numéros de téléphones des perdantes d'Occupation Double. Et en allant faire une petite visite à Bubbles, le chimpanzé abandonné de feu Michael Jackson, qui pèse aujourd'hui 170 lb et mène une vie tranquille dans un zoo.

Chez Éric Salvail à Dieu Merci!, ce sont Marina Orsini, René Simard et les Grande gueules qui divertissaient le public avec leurs improvisations tandis que Marie-Mai, Sylvain Cossette, Garou et Annie Villeneuve s'occupaient de la portion musicale. La grande surprise de la soirée a été René Simard, aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau dans cette formule. Il fallait le voir jouer un itinérant invité à Noël chez un couple snob... En plus de danser la claquette, il est allé jusqu'à faire le grand écart! Il a évidemment remporté le trophée.

En conclusion, aucun malaise ou scandale lors de cette soirée télé, la pression de la performance étant diluée sur plusieurs heures d'émissions. La décennie commence sans le traditionnel débat sur le Bye Bye, et personne n'aura la gueule de bois.