La populaire série américaine Les Simpson fête ses 20 ans. Imaginées par Matt Groening, les aventures d'Homer Simpson et de sa bande ont fait des petits au Québec. Plusieurs humoristes d'ici s'en réclament.

La carrière de François Pérusse est étroitement liée aux Simpson. Du moins, ses premiers pas d'humoriste. En 1990, une parodie de la chanson du dessin animé, Les Simpson passent au Bart, lui a permis d'atteindre la notoriété à CKOI, puis de lancer la série des Deux minutes du peuple.

«Je l'ai mis sur les 25 000 premiers exemplaires du premier disque, explique Pérusse en entrevue. Puis un avocat de Michael Jackson, qui détenait les droits sur la chanson, m'a appelé et m'a demandé de la retirer des autres exemplaires. Mais c'est ça qui a lancé ma carrière. J'ai toujours eu beaucoup d'intérêt pour les Simpson. Les gags sont au deuxième degré, puis poussés à l'extrême, plusieurs fois.»

François Pérusse n'est pas le seul a avoir été influencé par la célèbre série américaine.

«Entre nous, on se réfère tout le temps aux Simpson, explique Christian Vanasse, des Zapartistes. Le nombre de gags au pied carré est impressionnant. Ça a peut-être influencé notre écriture, resserré notre timing. J'aurais aimé inventer un personnage comme M. Burns, qui est la quintessence du mal. Edgar Fruitier en traduction, ça a aussi aidé.»

La traduction québécoise a suscité un engouement plus fort que dans d'autres pays où la série a été traduite. «Quand on a présenté le spectacle sur les Simpson, voilà six ou sept ans, les créateurs américains étaient impressionnés par le nombre de spectateurs», confie Bruce Hills, président de Just for Laughs.

Le créateur de la traduction québécoise, Benoît Rousseau, reçoit d'ailleurs régulièrement des demandes de vedettes qui voudraient apparaître dans l'émission, comme Bianca Gervais. «Mais en général, dit M. Rousseau, on n'a pas assez d'argent pour faire ça. On a même vu des gens du milieu qui étaient prêts à travailler gratuitement.»

Selon M. Rousseau, la contribution des Simpson à l'univers de l'humour est multiple. «Ils jouent avec les attentes du public: le punch arrive trop tôt ou trop tard, ou il est répété 18 fois.» Alexis Martin, Patrick Huard et les Têtes à claques sont des exemples de l'influence des Simpson, selon lui.

«Quand j'ai commencé à regarder les Simpson, ça m'a pris du temps à embarquer, confie Alexis Martin. Je trouvais ça trop heavy. Ça faisait Trailer Park en Alabama. Ensuite j'ai commencé à le prendre au deuxième degré. RBO a aussi ouvert des portes, mais avec RBO, c'était tellement gros que tu ne pouvais pas prendre l'humour au premier degré. Avec les Simpson, il faut être attentif aux subtilités.»

Michel Beaudet, des Têtes à claques, estime quant à lui que l'influence des Simpson s'est surtout transférée au dessin animé. «Ça nous a permis de nous raffiner. La déconstruction des gags, c'était dans l'air en général.»

Marc Labrèche, lui, est plus circonspect. «Ce qui était nouveau, c'est l'animation pour adultes. Les Simpson ne sont pas si edgy que ça. Je ne pense pas que ce serait resté si longtemps en ondes dans un réseau conservateur si c'était si irrévérencieux. Certains épisodes m'ont fait beaucoup rire, ils sont vraiment brillants, bien écrits. Mais on ne peut pas dire que c'est une révolution sociale.»