Mission accomplie pour la version française des Invincibles, dont les deux premiers épisodes étaient diffusés mardi soir sur la chaîne culturelle Arte. Ce n'est pas le triomphe, mais l'essentiel est assuré.

Le quatuor des Invincibles, transplanté à Strasbourg pour les besoins de l'adaptation française, a obtenu 2,2 % de parts d'audience, ce qui représente environ 300 000 téléspectateurs. Le chiffre peut paraître modeste, mais l'audience moyenne de la chaîne culturelle se situait à 1,7 % en 2009. Personne n'imaginait qu'une série - aussi nouvelle soit-elle - suffirait à bouleverser les habitudes d'audience.«On vise tout de même les 3 % de parts de marché», disait le patron des fictions de la chaîne, François Sauvagnargues, en février. Les 2,2 % enregistrés mardi soir entre 22 h et minuit sont légèrement en dessous de ses espérances, mais restent supérieurs à l'audience moyenne d'Arte dans ce créneau horaire.

Rien à voir avec les chiffres désastreux enregistrés par les Bougon (version française) le 7 janvier sur la chaîne privée M6: avec seulement 6 % de parts d'audience contre les 13 % espérés, la série pourtant bien accueillie par la critique se trouvait condamnée de facto.

Les résultats obtenus par Les Invincibles, au contraire, ont été bien accueillis par Arte: «Nous sommes globalement satisfaits, explique le patron de la programmation, Emmanuel Suard. C'était un vrai pari: amener à Arte le public jeune qui lui manque actuellement. Un virage qui n'était pas sans risque. Et qui s'est bien passé. Je n'exclus pas que, la rumeur aidant, sur la Toile notamment, l'audience aille croissant au cours des trois prochaines semaines de diffusion. En tout cas, c'est confirmé: les huit épisodes de la deuxième saison seront diffusés, tel que prévu, au début de 2011.»

Dans les jours et les semaines précédant la diffusion, Les Invincibles a eu droit à une critique abondante et particulièrement élogieuse, notamment dans la presse «intello». Le Monde a consacré à la série deux longs articles dont le dernier, lundi, soulignait le caractère «atypique» de cette fiction qui «détonne par son originalité». Dans une pleine page, l'hebdo culturel Télérama décortique ce petit «phénomène de société». Sur le site internet du Point, on émet quelques réserves sur l'utilisation des séquences de BD, mais on conclut sans ambiguïté: «Au final, on est addict.» Même le redoutable Libération, également perplexe face aux BD, consacre une bonne demi-page aux Invincibles. Signe d'un véritable intérêt.

Selon les producteurs de la série, on en serait déjà à 40 000 téléchargements sur l'internet. On peut parler d'un très bon accueil, même s'il ne touche pas encore le grand public.