Pas de journalisme sans politique. La nouvelle animatrice-vedette de la station de radio Corus a remis sa démission, hier matin, à peine six semaines après son entrée en poste parce qu'on lui aurait interdit de traiter des sujets d'actualité en lien avec la politique.

Esther Bégin a été recrutée cet été par le FM 98,5 pour animer une émission d'actualité les samedis et dimanches matin de 7h à 11h. Lectrice de nouvelles et chef d'antenne à LCN pendant 10 ans avant de passer à TQS en 2007, Mme Bégin a sauté sur l'occasion quand la station de télévision a fermé son service de nouvelles. Corus lui promettait carte blanche. «On est tout de suite entrés en campagne électorale, j'ai obtenu plusieurs entrevues avec des politiciens, je me plaisais beaucoup», a raconté cette passionnée de politique à La Presse hier soir.

 

Puis, il y a trois semaines, une première fissure apparaît dans ce portrait idyllique. Ses patrons lui demandent d'annuler toutes ses entrevues avec des politiciens les dimanches. Ce jour-là, insistent-ils, les questions politiques sont déjà abordées dans l'émission animée par Isabelle Maréchal de 12h à 13h30, enregistrée sur semaine. Le coup est dur à encaisser, mais il passe encore.

La coupe a débordé jeudi dernier, quand on lui a demandé de faire une croix définitive sur tout ce qui a un lien de près ou de loin avec le monde politique.

Esther Bégin venait alors tout juste d'obtenir la confirmation qu'elle pourrait faire une entrevue exclusive avec l'ex-ministre Maxime Bernier au sujet de sa réélection éclatante le 14 octobre dernier. Elle devait aussi s'entretenir avec André Boisclair sur la vie après la politique.

«J'ai appelé pour dire à mes patrons que j'avais deux bonnes entrevues dont ils pourraient faire la promotion. Au lieu de cela, j'ai dû les annuler», se désole-t-elle. «Je suis vraiment restée bête.»

Esther Bégin assure qu'elle est partie en bons termes et insiste sur les très bonnes relations qu'elle a créées avec ses collègues au cours de son bref passage à Corus, même si elle considère qu'elle a été victime d'une «forme de censure».

«Je ne tenais pas mordicus à faire de la politique, mais je ne voulais pas qu'on me restreigne à ne pas en faire.»

«C'est quand même bizarre pour une radio d'information de circonscrire la politique à une seule plage horaire le week-end.»

La Presse n'a pu joindre en soirée hier la direction de Corus. La direction avait émis plus tôt en journée un communiqué laconique dans lequel elle annonçait: «Esther Bégin quitte les ondes du 98,5 FM en raison d'une divergence d'opinions concernant le mandat de l'émission Esther Bégin, le week-end.» Yves Bombardier, directeur général du 98,5 FM, l'y remercie et lui «souhaite bonne chance dans ses futurs projets».

Esther Bégin a déjà été remplacée. Alain Usereau assurera l'intérim de l'émission diffusée les samedis et dimanches de 7h à 11h.