À la fois infopub et quiz, Call-TV est un des plus étranges ovnis télévisuels de TQS. On en discute avec une de ses animatrices, Evelyne Audet.

P-i-t-o-n. C'est la réponse de Lucien de Magog à la question «trouvez un animal de cinq lettres». P-i-t-o-n comme dans le serpent.

«Est-ce que ça prend un h? Moi, je pense que non. J'attends ma confirmation de la régie... Et voilà, c'est très bon!» racontait en direct Evelyne Audet.

Le clip a fait sensation sur YouTube. L'animatrice en rit aujourd'hui. On comprend pourquoi quand on apprend les difficiles conditions de tournage.

Call-TV est une drôle de bibitte. L'infopub de TQS étourdit le Québec chaque soir de semaine, de 23h à 00h30. On croirait un quiz tourné dans un vaisseau spatial en dérive. Une dizaine de différents stimuli visuels défilent ou clignotent à l'écran, chacun à son propre rythme, dans sa propre direction et avec une différente couleur. Un mélange d'acid house et de bruitage cartoonesque sert de musique, sans oublier les applaudissements préenregistrés. De la drogue dure pour ceux qui ne dorment pas encore.

Le tout se tourne en direct de Vienne dans les studios de Mass Response, boîte qui produit l'émission présentée dans de nombreux pays. Avec le décalage horaire, elle entre en ondes à 5h du matin. «Ça me prend un Red Bull et une vingtaine de minutes d'exercice de diction avant de commencer.»

Elle est seule au micro. Et presque la seule à parler français. «Ceux qui jugent si la réponse est bonne ne parlent pas français, raconte-t-elle au téléphone depuis Québec, où elle prend congé pour une semaine. Les gens qui appellent ont souvent un gros accent québécois. Même moi, je ne les comprends pas toujours. Alors imagine les Autrichiens.»

C'est ce qui est arrivé avec l'épisode du «piton». «Le gars qui me parlait dans l'oreillette me disait: «Good answer, you write it. Je n'ai pas voulu m'obstiner en direct.»

Dans son oreillette, elle entend des directives en anglais et aussi le reste de l'équipe technique qui se parle en allemand. «Ça devient mélangeant», avoue-t-elle.

Pourquoi ne pas engager des gens qui parlent français? «Ce serait une bonne idée. En fait, on a déjà commencé avec la nouvelle téléphoniste qui prend les appels des gagnants.»

En attendant des renforts francophones, Call-TV pourrait continuer de présenter des participants de «Goliette» et de travailler «continuellemen» pour offrir un bon produit.

Voyageuse décomplexée

Toutes ces anecdotes, Evelyne les raconte d'un ton souriant, décomplexé et allumé. Même avec une certaine éloquence. «C'est illogique de penser qu'on peut faire 90 minutes d'impro en direct avec le public sans ne jamais faire d'erreur», lance-t-elle.

La seule chose qui l'«horripile», ce sont les faussetés. Comme certains blogues qu'elle a lus, où on prétend qu'elle n'avait jamais fait de télé. Diplômée du Collège Radio Télévision et diplômée de l'Université Laval en droit et journalisme, ex-élève du Conservatoire d'art dramatique, la femme de 26 ans a travaillé comme chroniqueuse à Radio-Énergie et comme animatrice à Télémag. Elle avait cinq ans de métier dans le corps quand elle a répondu à l'annonce de TQS ce printemps.

Son premier réflexe: regarder des extraits de l'émission. Elle tombe alors sur la célèbre vidéo suédoise où une animatrice vomit violemment en direct. «Ça ne me dérangeait pas, se souvient-elle. Ce sont des choses qui arrivent.»

Ce qui l'inquiétait, c'était qu'on lui demande de s'habiller en sous-vêtements, comme certaines versions européennes de l'émission. Ce n'est pas arrivé. Côté vestimentaire, la version québécoise est probablement la plus sobre de Call-TV.

Moins d'une semaine après avoir passé une audition, Evelyne s'envolait donc pour Vienne. Un appartement en plein centre-ville l'y attendait avec un frigidaire plein, une carte d'abonnement de transports en commun et un abonnement au gym.

Celle qui a déjà visité l'Indonésie, la Turquie, le Vietnam, le Guatemala et plusieurs autres pays étudie l'allemand entre deux tournages à Vienne. «Les conditions sont excellentes, avoue-t-elle. Je ne sais pas si mon contrat sera renouvelé en septembre prochain. Sinon, j'aimerais obtenir un poste en télé à Montréal.»