La télévision, une thérapie? Le vague à l'âme vécu par Stéphanie dans La galère ou encore la dépression de Philippe dans Prozac - La maladie du bonheur inciteraient vraisemblablement certains téléspectateurs en détresse à aller chercher de l'aide. La preuve: depuis le début de la diffusion de Prozac sur V, certains organismes d'aide reçoivent chaque jour davantage d'appels téléphoniques.

C'est du moins ce qu'affirme Jean-Rémy Provost, le directeur général de Revivre, une association québécoise de soutien pour les personnes souffrant de problèmes anxieux, dépressifs ou bipolaires. Le groupe qu'il dirige reçoit quotidiennement des coups de fil de la part de gens qui ont décidé de demander de l'aide à la suite du visionnement de cette émission. Prozac, réalisé par François Bouvier (Les hauts et les bas de Sophie Paquin), raconte l'histoire de Philippe (Patrice Robitaille), brillant éditorialiste dans un journal, qui sombre dans une profonde dépression.

«Ils se sont reconnus dans le rôle joué par Patrice Robitaille, croit M. Provost. Il y a aussi des proches qui se sont reconnus dans les parents (incarnés par France Castel et Gilles Renaud). Ce que j'ai aimé, c'est qu'on a pris quelqu'un qui était éditorialiste, qui avait un bon job, qui était très bien vu. Indirectement, l'émission a beaucoup servi à briser les tabous.»

Et il va même plus loin en ajoutant: «S'ils n'avaient pas vu la série, ils souffriraient encore en silence.»

Le point fort de Prozac: on sort des murs des bureaux de thérapeutes pour faire une réelle incursion dans le quotidien d'un dépressif, décrit M. Provost. Élément très peu abordé en général à la télévision et même dans les conférences qui portent sur cette maladie, ajoute-t-il.

Le fait de voir Philippe impatient et irrité par le récit des débâcles amoureuses de son ami, Mathieu, ou encore l'idée de le montrer au lit tentant en vain de faire du ménage sans pouvoir y arriver ne sont que quelques exemples de scènes qui reflètent une certaine réalité de cette maladie mentale. C'est d'ailleurs pour cette raison que le patron de Revivre a suggéré aux quatre intervenants qui travaillent pour l'organisme de visionner l'émission.

Points faibles

Malgré tout, Prozac n'est pas sans failles. «C'est quand même assez romancé, souligne Caroline Martel, porte-parole de la Fondation des maladies mentales. C'est relativement fidèle à la réalité. Ça donne une représentation générale.»

«Il y a des gens qui peuvent être cyniques par rapport à l'émission en raison de la thérapie de groupe», ajoute pour sa part Jean-Rémy Provost. Ici, la situation est selon lui tirée par les cheveux, même s'il reconnaît qu'il s'agit d'une fiction et non d'un documentaire. C'est que Philippe fréquente un groupe d'aide peu commun composé de personnages plus caricaturaux les uns que les autres: un «autiste pas capable d'ouvrir la bouche», une «agace nymphomane» et un «has been qui pense être capable de remplir la Place des Arts». Beau portrait.