Parti depuis juin pour Budapest, en Hongrie, où il tient un des rôles principaux dans la série américaine The Borgias, le comédien François Arnaud est heureux de vivre cette expérience unique. Conversation téléphonique sur son rôle de prince de la Renaissance.

Sur le plateau de la télésérie historique The Borgias, le comédien québécois François Arnaud est plutôt bien entouré.

De Jeremy Irons à Colm Feore, en passant par la comédienne Holliday Grainger qu'il qualifie de «formidable» et David Oakes, jeune acteur anglais plein de promesses, sans oublier le réalisateur oscarisé Neil Jordan (The Crying Game), Arnaud est à l'aise et heureux. Et puis, n'incarne-t-il pas César Borgia, seigneur italien de la Renaissance et fils de pape qui a inspiré Le prince de Machiavel?

«La vie de la famille Corleone racontée dans le film Le parrain est inspirée de celle des Borgias, rappelle aussi le comédien joint au téléphone à Budapest, où la série américaine est tournée. Mon personnage de César Borgia est l'équivalent de celui de Michael Corleone (Al Pacino).»

Jusqu'à Noël, Arnaud incarnera encore le personnage de Théo dans la télésérie Yamaska présentée à TVA. Mais, comme l'annonçait La Presse le 1er juin dernier, son embauche pour le tournage de The Borgias l'a forcé à quitter la production québécoise. À compter de janvier, c'est Guillaume Perreault qui deviendra Théo.

À Budapest, Arnaud est plongé dans un univers totalement différent de celui de Yamaska. Il n'est plus en 2010 à Granby, mais en 1492 à Rome. En cette année de la découverte de l'Amérique, Rodrigo Borgia (Jeremy Irons) est élu pape et devient Alexandre VI.

«Rodrigo est le chef du clan Borgia, résume le comédien. Dans le premier épisode, il accède à la papauté. Moi, je suis son fils aîné, celui qui lui ressemble le plus. Mon père veut me faire grimper dans la hiérarchie de l'église. Il veut faire de moi un cardinal alors que je veux devenir le chef des armées, un poste destiné à mon frère Juan (David Oakes).»

La télésérie sera présentée au début du mois d'avril 2011 sur la chaîne américaine Showtime. Au Canada, on pourra la suivre pratiquement en même temps sur Bravo! et CTV.

Sur le plateau comme à l'écran

La production est immense, raconte François Arnaud. «Les décors sont superbes, dit-il. Nous avons accès à cinq studios pour le tournage des scènes intérieures et un grand terrain pour les scènes extérieures avec les rues de Rome, la façade du Vatican, etc. C'est une grosse équipe. Chaque jour, de 100 à 600 personnes sont sur le plateau.»

Le rythme d'enregistrement est bon, les comédiens ont le temps de bien se préparer et ont la possibilité de beaucoup échanger avec le réalisateur et les scénaristes. «En fait, on attend cela de moi, dit Arnaud. Nous avons le temps et la possibilité de discuter. Mais lorsque vient le temps de tourner, il faut être à la hauteur.»

Il dit que l'acteur Jeremy Irons (Kafka, Fatale, L'homme au masque de fer) est «cool avec moi», d'autant plus que dans la vraie vie, Irons a un fils de l'âge du comédien. Si la chimie est bonne, Arnaud avoue avoir été intimidé au début.

«Je m'en suis voulu. J'ai eu le sentiment d'avoir perdu un temps précieux, mais en fait, dans la télésérie, César prend de l'assurance. Il s'affirme de plus en plus face à son père. Il y avait donc un parallèle avec ce qui se passait entre moi et Jeremy», dit-il.

Ce séjour européen lui a permis d'apprendre à se battre à l'épée et faire de l'équitation! «Et puis, je reste au centre de Budapest, une ville magnifique, dit-il en évoquant les lumières nocturnes sur le Danube. Les gens sont gentils. J'apprends quelques mots de hongrois, mais c'est une langue difficile.»

Le tournage de la première saison se termine bientôt. Arnaud reviendra à Montréal au début du mois de décembre. Le 14 décembre, on pourra le voir avec Céline Bonnier dans une lecture publique d'un texte de Michel Marc Bouchard à la Grande Bibliothèque. En avril, il devrait participer au tournage d'un film indépendant intitulé Je voudrais me déposer la tête, tiré du roman de Jonathan Harnois et réalisé par Hélène Bélanger-Martin.

Le tournage de The Borgias pourrait se prolonger quelques saisons. Le cas échéant, Arnaud serait à l'étranger six mois par année. «Mais le Québec et Montréal, cela reste mon chez-moi, dit-il. Je suis ouvert aux propositions!»