En plus de la renommée et du talent de Jean-François Mercier, un autre atout a joué en sa faveur lorsqu'il a été choisi comme animateur d'Un gars le soir: le gros cave était l'un des candidats les plus actifs sur les réseaux sociaux, a appris La Presse. Et ce véhicule de promotion incontournable risque maintenant d'obliger les comédiens souhaitant décrocher un rôle dans une émission ou une websérie à répondre à un tout nouveau critère: avoir beaucoup d'amis sur Facebook.

Outre l'exemple de Jean-François Mercier, qui compte plus de 140 000 adeptes sur Facebook et dont l'émission performe bien sur V, «l'expérience 11 règles» vient également appuyer cette nouvelle tendance, a raconté hier Carl Rousseau, directeur des plateformes interactives pour V, à l'occasion d'une rencontre organisée par le Fonds indépendant de production (FIP), afin de faire le bilan de l'industrie de la webtélévision au cours de la dernière année.

Ainsi, la série, mettant en vedette deux acteurs connus - Marie-Chantal Perron et Louis Champagne -, raconte l'histoire d'un couple dans la quarantaine qui décide de s'adonner à l'échangisme. Or, mise en ligne cet automne, l'émission n'a réellement réussi à prendre son envol qu'au huitième épisode, dans lequel Alexandre Champagne (Contrat d'gars) fait une apparition. Pourquoi a-t-il réussi à générer autant d'achalandage? Alexandre Champagne a simplement annoncé sur sa page Facebook - où plus de 15 000 personnes le suivent - sa participation à 11 règles. Ainsi, l'épisode a été pris d'assaut par de nombreux internautes, a mentionné M. Rousseau. Conclusion: dis-moi combien d'amis Facebook tu as et je te dirai si la websérie dans laquelle tu joues aura du succès.

Cette nouvelle façon «d'auditionner» les acteurs pourrait donc se répandre. Selon certains producteurs et diffuseurs présents lors de la table ronde organisée par le FIP, les médias sociaux sont en voie de devenir un véhicule de promotion incontournable, non seulement pour le petit écran, mais également pour la webtélé. «Dorénavant, à talent égal, je vais choisir le comédien qui a le plus gros réseau social», a lancé sans détour Carl Rousseau, en insistant sur les cas de Jean-François Mercier et d'Alexandre Champagne pour appuyer ses dires. «Soyons honnêtes, a ajouté pour sa part Steve Kerr, producteur et chef scénariste de 11 règles, devant la réaction mitigée des gens dans la salle venus assister à cette discussion. Si tes acteurs pour le web sont actifs sur le web (les chances de succès sont là).»

Également présent, Richard Jean-Baptiste, producteur des Chroniques d'une mère indigne qui travaille présentement sur un autre projet de websérie destinée à Tou.tv, intitulée Fabrique-moi un conte, n'a pu qu'appuyer son confrère. «Pour mon prochain projet, je vous annonce que je vais prendre en considération les pages Facebook des comédiens», a-t-il confié le plus sérieusement du monde.

D'ailleurs, dans le cas de Fabrique-moi un conte, le producteur mise en quelque sorte sur l'influence de Twitter et Facebook. Le concept: permettre aux internautes de confectionner un conte en sélectionnant - à partir d'une liste fournie en ligne - un réalisateur, un comédien, une histoire telle que Cendrillon ou Blanche-Neige et les sept nains, ainsi qu'un lieu pour le moins inusité comme les toilettes ou un stationnement. La combinaison ayant recueilli le plus de votes de la part des utilisateurs sera mise en ligne la semaine suivante. Ricardo Trogi (1981), Podz (Les 7 jours du talion), Mariloup Wolfe (Les pieds dans le vide) et Jean-François Rivard (Les Invincibles) comptent parmi les réalisateurs qui ont accepté de se prêter au jeu. «C'est un projet qui est très axé sur les réalisateurs, souligne Richard Jean-Baptiste, qui refuse toujours de donner le nom des comédiens pressentis. Chaque réalisateur a ses fans et ce sont des gens qui vont générer beaucoup d'achalandage.»

Quelques chiffres

Par ailleurs, le FIP a profité de l'événement pour dévoiler quelques statistiques concernant les projets qu'il a financés en 2010. Ainsi, sur 166 demandes de financement reçues, 11 ont été retenues, dont 7 en anglais et 4 en français, pour une enveloppe totale de 1 162 000 $. Les budgets variaient en moyenne entre 300 $ et 5900 $ la minute. 11 règles, Dakodak, Juliette en direct et Fabrique-moi un conte ont toutes bénéficié d'un coup de pouce financier provenant du Fonds.