La première journée en ondes du nouveau réseau télévisé Sun News a été marquée, lundi, par la diffusion des caricatures du prophète Mahomet, qui avaient semé la colère parmi le monde musulman après leur publication dans un quotidien du Danemark, en 2005.

Ces fameuses caricatures accompagnaient la première émission à être diffusée sur la chaîne, The Source with Ezra Levant.

L'animateur, Ezra Levant, a affirmé en ondes qu'il avait abondamment discuté de la pertinence de publier ou non ces caricatures lorsqu'il était éditeur en chef du magazine politique albertain The Western Standard, en 2006.

«Quel est le problème? Nous venons de vous montrer ces images, et rien de grave ne s'est passé», a-t-il déclaré.

Sun News avait promis que l'émission serait la plus «provocante et innovatrice» jamais vue au pays. Le nouveau réseau, propriété de Quebecor, avait également annoncé qu'il voulait se faire la voix de la «controverse canadienne».

La chaîne était officiellement entrée en ondes un peu plus tôt, à 16 h 30, sur fond d'hymne national et accompagnée d'images de vedettes canadiennes, dont les hockeyeurs Wayne Gretzky et Sidney Crosby, ainsi que la chanteuse Shania Twain.

La chef d'antenne Krista Erickson avait brièvement présenté la programmation du réseau et les prédictions audacieuses avaient aussitôt suivi. Elle a donné le ton dès les premières minutes, en affirmant que les sceptiques qui ne croyaient pas à la naissance de Sun News étaient désormais confondus.

Une bande annonce au bas de l'écran prévenait les téléspectateurs qu'ils assistaient à la création de l'histoire de la télévision.

L'émission de Mme Erickson, une ancienne employée du réseau CBC, a été présentée comme l'occasion d'offrir les actualités à contre-courant. Canada Live sera à l'antenne chaque jour entre 15 h 00 et 17 h 00.

Mme Erickson se retrouvait lundi matin sur la une du «Toronto Sun», un quotidien appartenant à la société montréalaise Quebecor, avec une accroche annonçant qu'elle faisait l'objet de photographies à l'intérieur en tant que «Sunshine Girl» du jour.

Les commentaires sur le site Web Twitter ont afflué. «Les murs des studios de Sun News n'étaient que des panneaux de contreplaqué encore hier. Aujourd'hui (lundi), le studio est rempli de silicone», a ironisé le présentateur et humoriste Rick Mercer, du réseau CBC.

La troisième chaîne câblée d'information continue de langue anglaise au pays promettait aussi de la «nouvelle brute» et du «franc-parler». La chaîne, surnommée la «Fox News du nord» en raison de sa tendance conservatrice anticipée, a ses détracteurs.

L'écrivaine Margaret Atwood a signé une pétition contre Sun News. Don Newman, ancien journaliste du service anglais de Radio-Canada, a estimé que le réseau marque la fin du journalisme canadien.

Les responsables de Sun News soutiennent que le réseau rééquilibrera la tendance à gauche des médias traditionnels. Le président et chef de la direction de Quebecor, Pierre Karl Péladeau, a aussi argué que les autres réseaux canadiens sont ennuyeux et incitent les téléspectateurs à se tourner vers le réseau américain CNN.

L'une des têtes pensantes derrière l'ordre du jour de Sun News est l'ancien directeur des communications de Stephen Harper, Kory Teneycke.

Lancé lundi, le réseau cherche toujours à élargir sa diffusion à travers le pays. Il vient de négocier six mois de diffusion gratuite sur Shaw Cable et Vidéotron, cette dernière appartenant déjà à Quebecor.

Aucune entente n'a été conclue avec Rogers, mais plusieurs téléspectateurs en Ontario seront en mesure de regarder Sun News par l'entremise de la chaîne existante Sun TV.

Le réseau compte présenter une saveur québécoise particulière et une stratégie marketing audacieuse.