La ville d'Asbestos a été l'objet de railleries dans un reportage présenté jeudi soir à l'émission humoristique The Daily Show with Jon Stewart.    

L'équipe de la populaire émission a réalisé un reportage qui était parfois drôle, mais souvent accablant, au sujet de l'attachement de cette ville québécoise à l'industrie de l'amiante.

Des responsables locaux ont affirmé sans ambages au journaliste-humoriste qui avait été dépêché dans la petite ville minière que l'amiante chrysotile est tout à fait sécuritaire si elle est manipulée correctement.

Une information démentie plus tard par un médecin de l'Association médicale canadienne, interviewé par le journaliste.

Le reportage a démarré sur un ton moqueur, mais le propos est devenu de plus en plus sérieux. On y soutient que l'amiante causerait plus de 100 000 morts par année, et qu'il y a peu de preuves à l'effet que le matériau soit manipulé et utilisé de façon sécuritaire en Inde, le principal importateur d'amiante du Québec.

Au cours du reportage, le journaliste-humoriste Aasif Mandvi, qui est originaire de Mumbaï, affirme à Bernard Coulombe, le président de la mine Jeffrey, à Asbestos, qu'il a encore de la famille en Inde. Il rabroue le défenseur de l'amiante en lui demandant: «What's the French word for 'douchebag'?» («Quel est le mot français pour «crétin'?»).

Le reporter interroge tour à tour le directeur général de la ville d'Asbestos, Georges Gagné, et Coulombe, qui affirment qu'il est possible d'utiliser l'amiante de manière sécuritaire, même si plusieurs pays ont interdit le produit sur leur territoire.

Il oppose ensuite l'opinion du rédacteur en chef adjoint du Journal de l'Association médicale canadienne, le docteur Matthew Stanbrook, pour qui toutes les formes d'amiante, même le chrysotile, sont dangereuses pour la santé.

M. Stanbrook, comme plusieurs autres médecins et groupes oeuvrant à la santé publique, s'oppose d'ailleurs à la relance de la mine.

Les seules mines d'amiante canadiennes qui sont toujours ouvertes se trouvent au Québec. Récemment, le gouvernement de Jean Charest a accordé une garantie de prêt de 58 millions $ pour soutenir le redémarrage des activités à la mine Jeffrey.

L'animateur Jon Stewart a rigolé après avoir visionné le reportage.

Ce n'est pas la première fois que la ville d'Asbestos (qui signifie «amiante» en anglais) fait l'objet de moqueries. Une émission australienne a déjà organisé un concours destiné aux professionnels de l'industrie de la publicité, que l'on mettait au défi de mettre sur pied une campagne publicitaire visant à encourager les touristes à visiter la ville.

À Québec, le ministre du Développement économique, Clément Gignac, ne s'est pas formalisé que l'émission ait présenté un reportage pour se moquer de la ville d'Asbestos.

M. Gignac s'est contenté de répéter qu'il est possible d'utiliser l'amiante sans risque pour la santé, à la condition de respecter les mesures de sécurité pour ce minerai cancérigène.

Alors que le reportage confirme une nouvelle fois que la production québécoise sera destinée en grande partie à l'Inde, où les normes de sécurité sont difficilement applicables, M. Gignac a assuré qu'un système efficace de vérification serait mis en place par la compagnie chez ses clients étrangers.

«Mine Jeffrey effectuera une vérification indépendante pour assurer que, peu importe que vous soyez en Inde ou au Québec, nous aurons cette vérification pour être certains que ce client a une utilisation sécuritaire», a-t-il dit lors d'un point de presse.

Par ailleurs M. Gignac a jugé qu'il était inacceptable que des personnes en Indonésie puissent avoir accès à un dépotoir où se trouvent des résidus de matériaux de construction contenant de l'amiante, comme le démontrent des photos prises au début du mois, publiées vendredi dans le quotidien La Presse.

«Premièrement c'est inacceptable, a-t-il dit. On se comprend bien? C'est inacceptable.»

Mais le ministre s'est dit encouragé par le fait que les sacs contenant de l'amiante, produite dans la mine de Lab Chrysotile à Thetford Mines, au Québec, sont maintenant détruits et les résidus broyés avant d'être mis au dépotoir.