Gilles Duceppe ne participera pas à l'émission de radio Médium large, contrairement à ce qui avait été annoncé lors du dévoilement de la programmation de la radio de Radio-Canada.

Un «malentendu» quant à la nature du mandat qui avait été confié à l'ancien chef bloquiste est à l'origine de cette décision.

«Il a été soulevé qu'en tant que politicien qui avait récemment quitté ses fonctions, il ne pourrait pas traiter de politiques publiques durant ses chroniques, car cela contrevient à la politique des programmes», a expliqué le directeur des relations publiques de la société d'État, Marc Pichette.

En vertu de la politique des programmes de la société d'État, il est impératif de «respecter un délai de deux ans avant de pouvoir engager une personne qui vient de quitter la politique active pour parler de sujets faisant l'objet de débats publics en tant qu'animateur, journaliste ou chroniqueur», a indiqué la directrice de la Première Chaîne, Anne Sérode, dans un communiqué transmis mercredi après-midi.

Gilles Duceppe a donc choisi de ne pas accepter le poste de chroniqueur.

L'équipe de l'émission Médium large avait rencontré M. Duceppe lundi matin, soit quelques heures avant que la programmation 2011-2012 ne soit présentée aux médias. Lors de cette rencontre, l'ancien politicien avait accepté le poste de chroniqueur hebdomadaire pour un segment qui aurait été intitulé «La performance de la semaine».

Gilles Duceppe soutient que les idées de chroniques qu'il avait proposées à l'équipe depuis lundi avaient été très bien accueillies. Il avait notamment suggéré de relater un épisode survenu pendant les vacances estivales qu'il a passées aux États-Unis, alors que sa belle-fille a accouché prématurément. N'eût été des assurances, les frais médicaux se seraient élevés à 37 000$, a raconté M. Duceppe.

«Ils ont répondu «Ça, il faut en parler, c'est un bon sujet'. Mais aujourd'hui (mercredi), j'ai dit «Oui, mais ce sont des politiques publiques, c'est de la santé, alors qu'est-ce que je fais?»'

Gilles Duceppe soutient qu'il ne remet pas en cause la bonne foi du diffuseur, qui n'avait pas évoqué les clauses de la politique des programmes avant mercredi matin. «Leur version, c'est qu'ils ont oublié, et je l'accepte. Mais je ne pouvais, dans ces conditions, maintenir ma participation», a-t-il dit.

«Mais si jamais il y a d'autres propositions, je vais demander qu'elles me soient faites par écrit, a-t-il ajouté. La prochaine fois, je vais demander que ce soit signé avec une main sur la Bible, les pieds sur le Coran et la tête sur le Talmud.»

Marc Pichette a refusé de dire si Radio-Canada n'avait pas agi de façon un peu trop précipitée dans ce dossier. «Je ne veux pas me prononcer là-dessus, tout ce que je peux vous dire, c'est qu'on est face à un malheureux malentendu», a-t-il déclaré.

L'embauche de l'ancien politicien avait été accueillie avec scepticisme par certains médias. Le Journal de Montréal titrait «Gilles Duceppe accepte l'argent de Radio-Canada!» à la une de son édition du mardi.

Au Canada anglais, l'annonce avait également créé des remous. Dans un article publié mardi, le réseau Sun News, une filiale de Quebecor Media, a écrit que l'ancien chef bloquiste, qui reçoit déjà une pension de 140 765$ «après avoir passé près de 20 ans à tenter faire éclater le Canada», allait maintenant «siphonner l'argent des contribuables» pour sa contribution à titre de chroniqueur à la société d'État.

Et dans un article intitulé «La pension ne suffit pas. Duceppe veut plus d'argent du Canada», un chroniqueur du National Post avait écrit: «Nous sommes au Canada. Insultez-nous. Nous ramasserons la facture».